Jogging, c’était le nom que l’on donnait au survet’ dans les années 80 pour faire genre. Ressuscité, le terme désigne à nouveau la tendance, mais en terme de créateurs cette fois.
Vous aimez reluquer les filles de LUI, faire du lèche-vitrines chez Colette, trouver la perle rare aux puces du design et découvrir avant tout le monde les créateurs qui feront la mode de demain sur les salons? Alors vous aimerez aussi Jogging, un magasin d’un nouveau genre dans notre ville s’inspirant du concept de guérilla store militant pour l’installation de commerces dans des lieux inattendus. Si l’enseigne Comme des garçons a choisi une librairie à Berlin et une Pharmacie à Helsinki pour ses nouvelles implantations, c’est une ancienne boucherie de quartier que Charlotte Brunet et Olivier Amsellem ont eux décidé d’investir. On en retrouve la trace en lettrage laiton d’origine sur la façade mais aussi à l’intérieur où le carrelage blanc et les crochets de l’étal de boucher du célèbre Monsieur Blain sont restés bien présents. C’en sera tout de l’héritage, car le photographe et l’ancienne chargée de marketing de Marseille Provence 2013 ont choisi pour l’aménagement de cette boutique de faire appel à un collectif d’artistes, designers et décorateurs. L’espace Aésop, en planche de mélèze et batipin a été réalisé par Antoine Boudin. Une commande a été faite à Jean-Baptiste Fastrez pour une création sur mesure d’un miroir. Enfin David Dubois, a assemblé avec beaucoup de fonctionnalisme, l’espace d’exposition et de vente. Comme à la Villa Noailles dont les fondateurs de Jogging revendiquent haut et fort leur paternité, on trouve une sélection mode et accessoires appuyée par les recommandations de Véronique Louaty, directrice artistique du salon Don’t believe the hype. La lingerie aux sensuelles transparences de Yasmine Eslami, les chapeaux chics de Larose Paris, les minaudières hyper pop d’Olympia Le Tan, les solaires faites à la main de Sheriff & Cherry, les caleçons en soie Banana Time, les créations délirantes de Yazbukey, les creepers romantiques d’Adieu Paris, des lignes de prêt-à-porter de Christophe Lemaire, Anthony Vaccarello, le sportswear chic de Julien David ou de Cédric Charlier pour ne citer que les plus médiatiques, se composent dans un univers très cohérent en terme d’image. La parade du design est une sélection des plus jeunes et talentueux designers, avec des pièces souvent faites main, en petite quantité voire même numérotées, parmi lesquels la corbeille métal de Julie Richoz (Grand Prix de la Design Parade en 2012) ou le vase de Benjamin Graindorge. Au fond de la boutique, à côté d’une inusable pile en pierre de Cassis, un jardin de ville bucolique et désuet marseillais du début du siècle dernier. Vous l’aurez compris, Jogging rime avec name dropping, mais c’est ici pour le meilleur. (EF