Inspiré d’un célèbre établissement berlinois, Sing or Die revisite dans une ambiance de cabaret moderne et déjanté le concept de karaoké. Vous pourrez y pousser la chansonnette à tue-tête sans gêne et pourquoi pas laisser admirer vos chorégraphies de salle de bain.
C’est par une entrée discrète de la rue Léon Bourgeois à deux pas du Palais Longchamp que l’on pénètre dans cet endroit à la réputation sulfureuse. Il se dit que s’y manifestent des biens beaux organes, mais pas ceux auxquels vous pensez bande de cochons.
Un petit accueil pour s’enregistrer, des escaliers de pierre, un sas psychédélique puis l’on entre dans la sombre arène, pour des défis musicaux en mode grand écart (qui vous feront passer « »tout doucement » de Bibi au fait de « Sauver la reine » avec les Sex Pistols).
A l’intérieur nulle place ou s’asseoir. « Tu chantes ou tu meures » porte bien son nom tant l’atmosphère peut vite paraître oppressante si on n’ est pas dans le truc. Ici on est acteur de la soirée et non pas spectateur. Le public tout entier est tournée vers la scène où sont appelés tour à tour les chanteurs en herbe ou confirmés. Ces derniers ont pris le soin de griffonner sur un papier le titre de la chanson qu’ils aimeraient interpréter parmi les 3000 titres proposés au catalogue. Ils monteront sur scène seuls ou avec d’autres personnes qui, comme eux, révèleront enfin au monde leur penchant musicaux, même les plus inavouables.
Partant du principe que le ridicule ne tue pas et qu’il y a est même encouragé, voilà comment étudiantes surexcitées, startuppers desinhibés et rockers sur le retour arrivent à partager la scène, encouragé par leurs congénères dans la salle. A la technique, on joue des potards pour pousser les voix harmonieuses et terriblement sexy de certains(es)et masquer la torture sonore infligés par d’autres.
« Sing or Die Karaoke! There is no shame! » n’est pas une aventure nouvelle. C’est « la branche » marseillaise de « Sing or Die Karaoke » créé par Maryline Mongole à Berli. Elle existe depuis 2012. Le projet est animé par composé de Jaggy b. Glitter Face (costumière, issue du spectacle de rue) et LionHell Richbitch Noshame (batteur dans diverses formations de Crust, Grindcore, Black metal et punk). Le Karaoké s’est installé un temps à la Machine à coudre dès 2016 (1 fois par mois au début puis 2 fois par mois) mais aussi à la Salle Gueule, tout en se baladant dans quelques festivals et squats en Europe. C’est en 2017/2018 que l’idée de créer une salle spécialisée dans le Karaoke a germé dans l’esprit du duo, inspirée d’une salle à Berlin baptisé le « Monster Ronson ».
Le temps de trouver les fonds, l’endroit ouvre partiellement en 2019 après 9 mois de travaux pour insonoriser parfaitement le lieu, créer un petit bar, un fumoir et des issues de secours.
Pour l’heure, la salle est ouvert uniquement le week-end avec des concepts de soirées différents: « Dance or Die » où le public choisi son titre pour danser sur scène le vendredi tout comme, « Lip synch or Die », un concourt de synchro labiale sur des chansons. « Sing or die karaoke! There is no shame! » où le public monte sur scène à l’invitation des hôtes masqués et attifés comme pour une gay pride.
Dans une ville où il faut souvent attendre tard dans la soirée qu’alcools et autres substance illicites fassent leurs effets pour que les fêtards daignent remuer un peu leur corps et donner de la voix, ce type d’initiative où personne ne se toise est évidemment bienvenue. Et sans doute salutaire si on en juge le succès grandissant et l’ambiance dès le début de soirée à 21h30
Le Petit Plus : 4 petits boxes entièrement équipés qui pourront être loués à l’heure pour 6 à 10 personnes vont être progressivement ouvert durant l’année en parallèle de la salle principale.
Par Eric Foucher (Photos J2P)