Il y a quelques mois, Le Boyard s'offrait une cure de jouvence pour s’affirmer en brasserie chic à la française, tout en conservant son âme de bar tabac de quartier, populaire et convivial.
Récemment refait de fond en comble, Le Boyard peut de nouveau affirmer ses lettres de noblesse et renouer avec ses origines aristocratiques (boïar en russe, désignant une aristocratie d’Europe de l’Est). A la fois café, bar, snack, bureau de tabac et loto, ce dernier fait en effet partie de ces vieilles institutions de Marseille qui ont émergé dans l’entre deux guerres, lieux de « passage obligé » quotidien conviviaux et populaires.
Mais comme l’être humain dans ses moments de « fragilité », l’estaminet un peu rabougri avait bien besoin d’un petit remontant.
Et les changements ne sont pas des moindres ! Le bar vieillot s’est transformé en une vraie petite brasserie parisienne et trône aujourd’hui, fier comme un pape, face à la fontaine Estrangin. Le carrelage mosaïque a remplacé le vieux sol gris d’antan, des sièges et banquettes de velours rouge embrassent des tables rondes au motif marbré, tandis qu’un majestueux escalier est accoté aux toilettes « royales » (elles aussi liftées). Du côté du bar, ce dernier resplendit ! Les suspensions design soulignent les atours du comptoir d’origine, repulpé (zinc à la place du marbre, bois mat), et d’une pompe à bière reluisante en cuivre rose (elle s’est substituée à l’ancienne en faïence). Quand le soleil vient à s’éteindre, les boissons et alcools assurent la relève, éclairés par le mur lumineux qu’elles recouvrent.
L’accueil est lui aussi chaleureux, assuré par Barbara et Alain, les gérants de la brasserie, Cyril le barman, ainsi que Christophe et Julien (le fils) au service. En somme, Le Boyard est toujours le même mais en mieux, plus élégant et moins insalubre. La clientèle a certes été légèrement dépoussiérée et « chicisée », mais le bar demeure toutefois le repaire routinier des « vieux de la vieille » comme le dit Cyril, s’activant lui-même derrière le comptoir depuis des années.
A tout point de vue, on peut donc dire que Le Boyard a « de la gueule » et du cachet pour parler marseillais.
Le Petit Plus : l’apéro afterwork, bien mérité, tous les jeudis soirs dès 19h…
(C.E)