La place Castellane voit rouge. Au fond d’une paisible impasse, la façade d’un ancien atelier transformé en café-concert annonce la couleur et envoie le bois. Allez vous y chauffer !
« Guinche » pour la fête, « graille » pour la bouffe. Deux mots qui sont dans notre dictionnaire qualifiés de populaires et familiers. Mais ce qui était péjoratif par le passé a de nos jours une haute valeur ajoutée. Dans nos villes où le vivre ensembre est bien souvent formaté, ils définissent parfaitement ce café-concert où l’on se retrouve sans rendez-vous pour laisser le bon temps rouler sans ticket d’entrée. A deux pas de la place Castellane et de ses lugubres brasseries flotte dans cette ancienne ébénisterie née dans les années 30 – et dont on a gardé le nom et quelques établis – un esprit de guinguette revu et corrigé. Du patio en version décapotable où l’on se met au frais à la salle de restauration où l’on pite généreusement en musique jusqu’au salon de l’étage où l’on prendra plaisir à s’affaler dans les canapés chinés pour siroter digestif et spiritueux, on se mélange et l’on parle à son voisin. Tiens, tiens… Derrière cette réussite un trio (« Jon, Gégé et Manu » pour les intimes) qui n’en est pas à son premier coup d’essai et qui du Polikarpov au Petit Nice en passant par Longchamp Palace (qu’ils continuent à gérer en parallèle) nous a offert beaucoup de nuits d’ivresse et d’allégresse. Sauf qu’ici s’ajoutent la dimension dinette entre amis – avec à l’ardoise boulettes, seiches à la plancha, couteaux persillés et autres réjouissances de la cuisine méditerranéenne – et une scène musicale pour bœufs saignants et dj sets bien sentis. Un lieu à fréquenter sans modération donc, d’autant qu’il est desservi par la toute nouvelle ligne de tramway. Terminus tout le monde s’amuse. (EF)