La décentralisation du cool continu à Marseille et le quartier Bompard n’échappe pas à cette vibe. Ce bar à vins et cocktails sexy en diable, au nom inspiré d'une célèbre égérie marseillaise, permet ainsi une socialisation nocturne sans passer par la case centre-ville.
L’adresse a connu d’autres vies par le passé (Matière Brut, Yodé) mais elle a retrouvé un regain d’énergie et de vie avec l’arrivée en ses murs de Lily, bar à vins, cocktails et à manger survitaminé.
Lily, pour Lily Pastré, icône marseillaise qui a donné son nom à célèbre parc et qui était surnommé en son temps « la bonne mère des artistes ». En des temps où la morale était rigide, elle n’avait aucun problème à afficher parmi ses amis une prostituée de la Canebière, un costumier gay de l’Opéra ou à cacher des personnes recherchées pendant la guerre.
C’est en hommage à cette grande dame qui tenait régulièrement salon que Fanie et Alban ont repris à leur compte la citation d’un livre dont ils ont tiré le fil.
« Chez Lily on mangeait bien, on buvait bien, on dansait bien ».
Ces personnages tout comme Joséphine Baker, grande amie de la comtesse, on les retrouve à la carte dans les noms des cocktails maison qui racontent donc tous une histoire.
Patrie de l’anisé oblige nous n’avons pas pu résister au cocktail baptisé « Marie-Louise » avec son rhum ambré infusé à la badiane, avec un sirop de vin de Provence, de rinquinin et de liqueur.
Mais « Joséphine » qui vous emmènera elle au Mexique avec du mezcal, de la liqueur de bergamote et un sirop pimenté est bien tentant aussi tout comme « Boris » un gin infusé à la pistache caramélisé sur une robe de soirée qui nous fait de l’œil à la carte.
Loris, mixologue passionné passé par les Roches Blanches ou l’Hôtel de Berne, peut réaliser pour vous tous les cocktails classiques que vous souhaitez. Mais l’intérêt du lieu et est bien évidemment de goûter à ses créations préparées avec des infusions (pisco au figues, gin à la pistache), sirops (chocolat romarin par exemple) et liqueur maison (comme celle à la lavande).
Tous les 3 ou 4 mois la carte change en tenant compte des plantes et des produits de saisons. Le Noilly-Prat, célèbre vermouth crée par la grand-mère de Lily Pastré, et trop peu utilisé dans les cocktails trône bien sûr en bonne place derrière le comptoir.
Après une petite loggia et des baies rétractables offrant un coté dedans-dehors qui compense un peu l’absence de terrasse, on découvre une adresse entièrement repensée. Elle conserve une décoration brute et contemporaine mêlant néons, murs décrépis et béton dans un esprit rétrofuturiste très réussi.
Mais l’architecte Delphine Sauvaget en décloisonnant les espaces donne l’impression d’un plus grand volume sur une même surface. Elle a également dessiné des banquettes, table ainsi qu’un grand comptoir sur mesure qui vous accueille à l’entrée avec des tabourets hauts et des larges tablettes qui pourront faire office de dinette.
Une bonne idée car après tout, n’est-ce pas au comptoir qu’on prend mieux le pouls d’un établissement ? C’est ce sens de l’accueil et la convivialité du lieu que veulent d’ailleurs mettre en avant le duo.
« Je suis arrivé en client, je repars en famille » c’est le meilleur compliment qu’on puisse nous faire confirme Fanie tout sourire.
Tout l’intérêt de ces nouveaux lieux de convivialité est de pouvoir accompagner de très bons verres de vins et cocktails de petits plats à partager, dont la qualité n’a pas été oublié comme ce fût trop souvent le cas par le passé.
Malgré une impressionnante cave rétro-éclairée, la carte des vins est encore courte. Mais elle s’étoffe chaque semaine avec de nouvelles références.
Des expositions photos (Franck Menegaux pour commencer puis Aurélien Cillers à suivre) habillent les murs de l’entrée et des soirées stand-up viendront animer de temps à autres les débuts de soirée. En fin de semaine du jeudi au samedi, on pousse les tables en fin de soirée et l’ambiance s’enflamme autour de Dj invité certaines semaines.
Si Lily voulait aller danser, elle pourra aussi boire, manger et chanter comme bon lui semble.
Le Petit Plus : Aux beaux jours, Lily ira prendre l’air hors-les-murs sur des terrasses extérieures.
Par Eric Foucher