Partager des belles assiettes en trinquant avec des amis entre deux parties de boules : la recette est simple, encore fallait-il la mettre au menu. C’est maintenant chose faite aux Pieds tanqués, temple du cool en toute modestie.
L’ancien Bar des amis était un rade de quartier qui a longtemps accueilli les cheminots en pause. Normal, il était situé juste en face de la magnifique et historique rotonde Pautrier, un ancien dépôt de locomotives proche de la gare Saint-Charles.
Quand trois établissements déjà en place à Marseille (le Barjac, Longchamp Palace et le Trois Quarts ) décident de le reprendre, ce n’est certainement pas pour perdre le côté populaire du lieu, à deux pas de la Friche Belle de Mai.
Bien au contraire, les associés décident de tout mettre en œuvre pour renforcer encore la mixité du lieu en conservant des prix de consommation très accessibles.
Ici c’est toi que pointes, pas les personnes à l’accueil. Jeunes et moins jeunes, familles ou bandes de copains, on vient avec sa tribu (il y a de la place !) pour partager un bon moment sans avoir peur de mettre sa tournée.
La petite devanture où s’affiche fièrement la nouvelle enseigne est trompeuse. Elle cache une vaste salle rénovée avec ingéniosité par Clément Talbot et Marien Gaillard (la Charbonnerie) avec les huisseries sur mesure d’un as de la ferronnerie (Jonsen).
Un îlot central permet d’accueillir la cuisine ouverte cassant sa froide allure de réfectoire. Sur les murs réclames chinées et vélos vintage se partagent la vedette.
La salle de restauration et son long comptoir d’époque débouchent sur terrasse plus grande encore où fleurissent les parasols colorés et un immense terrain de boules. Quatre à cinq parties peuvent se tenir simultanément sans se gêner.
Au bout du terrain de pétanque, guidé par des guirlandes lumineuses à la tombée de la nuit, on tombe sur une petite paillotte en devenir, avec mange-debout et transats.
Trois espaces à habiter donc, mais une même ambiance : celle d’une guinguette populaire qui sort des circuits marseillais traditionnels.
Au menu du midi, Gauthier le chef et son équipe envoient des classiques la cuisine bistrot : (tartare au couteau, salade césar, ceviche, côte de porc, loup grillé, etc…) avec des produits frais et de saison.
Des plats populaires auxquels on ne refuse pas l’élégance d’un beau dressage. Ça ne mange pas de pain et c’est tellement plus agréable au visuel.
C’est goûtu et sans chichi comme on aime, jusqu’au dessert où la mousse au chocolat et le tiramisu se dévorent sans coup férir. Le service est pro et aimable, ce qui ne gâte rien.
Le soir, la cuisine passe en mode assiettes à partager (panisses, charcuterie, houmous, …), là encore en respectant l’identité méditerranéenne du lieu. Les pieds « tanqués » (i.e « qui ne bougent » pas en provençal à l’origine du terme « pétanque ») mais les bras qui s’agitent en qui valsent pour tirer, pointer, trinquer, enlacer … et plus si affinité.
Le Petit Plus : bonne idée que celle de proposer en entrée, les plats en taille plus réduite et donc à moindre coût.
Par Eric Foucher / Texte et Photo