Dans sa nouvelle échoppe du Vieux-Port, Christian Qi, chantre de la poiscaille et des histoires méditerranéennes couleur indigo, fait chalouper la traditionnelle bouillabaisse version street food, entre inspiration du jour et retour de marché (aux poissons bien évidemment).
Soyons honnête car l’honnêteté paie toujours si j’en crois la maxime populaire et ma grand-mère. Les quelques lignes qui vont suivre ne vont pas suffire à décrire ni le talent ni la qualité de l’homme et de l’assiette (ici incarnée plutôt par une boîte en carton recyclé). Il faudrait au moins un livre ! Mais commençons par le commencement.
Christian Qi est loin d’être un inconnu pour tous les amoureux des bonnes et belles tables, des bons produits sourcés avec attention, justesse et respect envers les producteurs et la nature.
Du Camas aux Goudes, ceux qui l’aiment n’ont pas eu besoin de prendre le train, le bateau peut-être, pour suivre ses pérégrinations marseillaises guidées par son seul désir de faire les choses à sa façon.
Avec Bouillabaisse Turfu, c’est l’arroseur arrosé, le pêcheur harponné puisqu’au départ il s’agit du nom de son association, qui crée des projets autour d’une cuisine marine durable. Christian n’avait pas vraiment envisagé de faire des bouillabaisses.
Mais la poésie des hasards n’est certainement pas pour déplaire au chef ichtyologiste. Ce mot ne vous dit rien ? Une petite recherche sur Google vous permettra d’en savoir plus et d’attirer votre attention sur le fait qu’on ne sait pas grand-chose sur les poissons ni la bouillabaisse, ni la pêche.
Il suffit de suivre Christian sur le marché aux poissons du Vieux-Port, désigner et nommer les palamides (nom marseillais de la bonite), muges ou encore les vives pour se rendre compte du vide intersidéral de son éducation (la mienne pas la sienne), et de l’engagement du chef pour mettre en lumière des poissons méconnus ou mal-aimés, afin de préserver la biodiversité.
Mais voilà que je digresse et que je n’ai pas encore parlé des bouillabaisses turfu de Christian.
Pourquoi turfu ? Parce que le chef visionnaire, intuitif et créatif ajoute souvent sa touche et que la plus belle manière de respecter la tradition est sûrement de la connaître tellement bien qu’on peut se permettre de s’en affranchir. La recette de son succès ? Elle change tous les jours. Le mieux est encore d’aller la goûter !
Le Petit Plus ? Pas envie de déguster votre bouillabaisse du jour assis sur un banc ? Direction le Marengo, le bar des copains où vous pouvez vous attabler. Il ne manque en effet qu’un petit verre de blanc ou un pastis pour accompagner ce délicieux déjeuner.
Par Valérie Vangreveninge