C’est une affaire de famille qui vient d’ouvrir ses portes en bas du Boulevard Notre Dame, avec pour enseigne le surnom d’un aïeul, cuistot par le passé du côté de Saint-Etienne. Les traditions ont parfois du bon ... et surtout du goût.
Du livre de recettes que lui a légué son grand-père Auguste, Jean-Christophe Codaccioni a gardé l’idée de recettes culinaires traditionnelles, comme par exemple les plats en sauce (ainsi la fricassée de lapin moutarde ou la daube de joue de bœuf que l’on a dégusté ce jour là) mais surtout l’idée d’un art de vivre où faire bonne chère ne s’encombre pas de façons. Une atmosphère familière mais pas de familiarité. C’est toute la différence et le subtil mélange qui confère au lieu un je ne sais quoi de sympathique et détendu.
Il faut bien avouer que l’entrée est engageante avec sa jolie verrière qui donne à l’établissement des allures de serre. Des nasses en osier garnies des plantes tombantes, un joli banc de bois chiné et un patchwork géant tapissant le mur d’un flamant rose coloré sont du plus bel effet et donne de prime abord tout son cachet au lieu. Quoi que moins singuliers, l’aménagement et la décoration intérieure ne sont pas en reste avec un long comptoir en granit blanc, un ciel d’abat-jour et d’opaline et des fauteuils de bar en canevas signées Boboboom. Les assiettes de porcelaine, les couverts en argent chinés ainsi que les tapisseries anciennes viennent compléter joliment le tableau voulu par Mme Codaccioni mère, décoratrice de son état.
Mais le clou du spectacle se trouve derrière les vitres de la cuisine ouverte. Une magnifique rôtissoire y fait dorer sous vos yeux cochon de lait, carrés d’agneau de Provence ou tout autre animal que le chef Yves Clucher aura décidé d’embrocher. La carte du soir propose aussi une déclinaison comptoir avec son florilège de recettes maison – pâté, terrine, fromage de tête, saucisson brioché, escargots beurre maître d’hôtel et bien sûr les fameuses quenelles à la sauce Nantua- à partager entre amis avec les vins sélectionnés par le Chicoulon Edouard Mireur. Une carte qui s’adapte aux envies de saison, c’est malin. Des crus du Languedoc, Côtes de Provence, Cassis et Bandol, c’est sensé. Des vins inédits sur une table du coin, c’est futé. Mais la dernière bonne surprise, c’est une cour intérieure qui ne demande qu’à se découvrir…
Il y a fort à parier que le Grand Guste aurait été fier du rejeton. Il a rendu le plus bel hommage à son épouse partie le retrouver après avoir vu le bel ouvrage. Qu’ils dorment en paix, les secrets de cuisine de « Sainté » seront bien gardés. (EF)