Les héros de meurent jamais mais il leur faut parfois un coup de frais. C’est ce qu’il fallait à Jeannot pour attaquer sa nouvelle vie dans le port du Vallon des Auffes.
Il est toujours compliqué de toucher à une légende et d’en écrire un nouveau chapitre. C’est pourtant ce qu’essaie de faire Alexandre Pinna qui, après Fonfon et Viagjhi Di Fonfon, a repris le mythique restaurant de son cousin Lionel « Chez Jeannot » qui figure sur toutes les cartes postales anciennes de Marseille. C’est là qu’en 1947 leurs aïeux, les frères Jean (alias Jeannot) et Alphonse (dit Fonfon) Mounier avaient écrit les premières lignes de la belle histoire. Jeannot qui n’avait pas le pied marin transformera petit à petit son minuscule local où il sert ses pizzas à l’anchois aux pêcheurs du Vallon en une institution reconnue, étape incontournable pour tous les visiteurs de passage à Marseille.
A bientôt soixante dix ans et après quatre mois de travaux importants pour rendre l’établissement de bric et de broc fonctionnel, Jeannot est de nouveau prêt à accueillir marseillais nostalgiques et hordes de touristes en goguette. Pour cela, le décor adopte moultes photos anciennes, affiches des années 40 et 50 dans un décor mêlant meubles anciens et industriels.
Si le rez-de-chaussée et ses grandes baies vitrées donnant directement sur les quais du petit port propose une ambiance feutrée avec ses nappes et son éclairage tamisé, n’espérez pas pour autant dîner en toute intimité. Pas plus à l’étage où la déco reprenant les codes d’un bar de quartier à l’ancienne (baby foot et tables en formica) et la terrasse entièrement découvrable éclairée par des guirlandes lumineuses offre un cadre plus propice aux joyeuses célébrations.
En prime et sans supplément, une vue féérique sur le pont du Vallon des Auffes qui s’embrase au coucher du soleil. Le lieu est donc une adresse que l’on partage avec sa famille en visite ou avec ses amis au débotté en prenant garde d’éviter les fins de semaine où les touristes arrivent en masse (NB: ça peut vite devenir l’usine.)
Au niveau de la carte on retrouve des classiques de la gastronomie méditerranéenne cuisinés sur place sauf pour les desserts signés Marrou. La présentation des assiettes n’offre pas le raffinement des nouvelles tables à la mode, mais force est de constater que les plats tiennent leur promesse en terme de qualité et de goût et ce, sans que l’addition ne soit un coup de fusil. La daube et les gnocchis maison mais aussi la pizza à pâte fine et croustillante seront dévorées sans coup férir.
Si Fonfon régale par ses produits de la mer, ce sont les pâtes, la pizza et les viandes qui bénéficient de toutes les attentions Chez Jeannot. Les premières sont produites directement sur place grâce à une machine, les secondes cuites au four à bois et les dernières se voient offrir leur propre étal à l’entrée de l’établissement. Propre comme un sou neuf, on souhaite paradoxalement voir ressurgir quelques rides à Jeannot pour qu’il retrouve un peu de sa gouaille et fasse parler ses vieux murs. Sans doute juste une question de temps. (EF)
