Si vous cumulez un potager en ville, une terrasse ombragée et des dons culinaires, bravo ! Sinon, passez à table chez Philippe et Patricia.
A l’écart des vapeurs dioxydées, niché au coude de la ruelle, le jardin nous tend ses branches de cerisier. On connait d’avance l’origine du romarin ou de la sauge tangerine qui parfume notre assiette. Quand elle ne pioche pas dans les plants de courgettes à nos pieds, la cuisinière ne part pas loin, ni hors saison, complice des producteurs du coin. Nous sommes bien en Provence : haut-varoise ou camarguaise, n’importe, sauf celle qui clichetonne. Chineuse joueuse, notre hôte dépareille les toiles cirées, acidule les chaises en paille et bouscule les codes du resto. Pour saisir l’esprit, ouvrez la carte des vins, pardon, le « carnet de chantier » avec photos et objets jonglant avec les appellations. Aux fourneaux, en revanche, ça ne rigole pas pour dorer une vraie brandade ou mijoter un bœuf à l’anchois. Pour l’anecdote, sachez juste que Patricia, dans une vie antérieure, a servi trois assiettes de sa soupe au pistou à un producteur de musique électro allemande. Si ça, c’est pas une preuve.