A la mouvance bistronomique et aux gueuletons coude à coude, on a le droit de préférer une cuisine de chef servie à pas feutrés. Une table méridionale sans tape sur l’épaule.
Amateurs d’espace entre voisins de fourchette ? Gourmands allergiques au personnel bavard ? Cette maison est vôtre. D’entrée, vous êtes comblés : le volume baisse d’un cran et les sièges dénigrent le collé-serré ; même leur moelleux sait se tenir. L’adresse affirme son caractère discret avec une présence en salle « à l’ancienne » qui a son charme. Dans ce cadre rassurant, l’assiette ne joue pas l’effrontée, mais s’avère douée : Christophe Negrel, passé par La Fenière et l’Oustau de Baumanière, révise élégamment ses classiques et rend hommage à sa Méditerranée ; celle des pêcheurs avec un Maigre sauvage de Corse sur risotto citronné ; celle de l’arrière pays, avec une truffe râpée sur œuf de poule au plat. Pigeonneaux et pieds de cochon sont traités avec respect et raffinement. Sans en faire des ronds de jambe non plus ! A la fois sobre et généreuse, cette carte, c’est un étal de marché qui la mettrait en sourdine.