Quoi ? : Restaurant saisonnier
Où ? : Île Degaby 13007 Marseille
Quand ? : Mi-Mai > Mi-Oct. du Mer. > Sam. de 18 à 23.00 / Sam. Midi et Dim. toute la journée
Combien ? : Entrées 17 à 19 € / Plats 27 à 34 € / Desserts 9 à 12 € / Tapas de 8 à 15 € / Bouteilles de vin de 35 à 105 €
Transport ? : Par bateau depuis le quai du Mucem (résa créneau A/R sur le site)
Des Questions ? : restaurant@iledegaby.com
Un lien ? : Cliquez-ici

Ce fortin à un jet de pierre de Malmousque a toujours été un objet fantasmes pour les Marseillais.es qui sont finalement très peu à l’avoir visité. Mais l’exploitation culinaire a enfin repris grâce un mariage heureux avec le traiteur Mensa. La tentation d’une île n’a jamais été aussi forte !

Si notre réflexe de média est de regarder chaque matin nos audiences de la veille, celui de Boris et Sophie, les nouveaux gestionnaires de l’île Degaby est de regarder les prévisions météo au réveil. De la clémence de celles-ci et du dieu Éole dépendront le succès de l’aventure que vous vous apprêtez à vivre au départ de l’un des quais du Mucem.

Aller déjeuner, pendre l’apéro ou dîner sur l’île Degaby est plus qu’une simple sortie. Mais ce sont les contraintes (transport, météo, respect environnement) qui rendent l’expérience rare et précieuse et lui donnent aussi tout son sel.

Contempler le soleil tomber derrière le Frioul lors d’un dîner ou se prélasser tout un dimanche entre bain de soleil et déjeuner gourmand se méritent et s’apprécient doublement.

Quelques bons nageurs en ont fait le tour, plongé dans sa grotte et sauté depuis ses rochers. Quelques privilégiés ont pénétré ses épaisses murailles lors de rares événements privés. Mais peu sont finalement ceux qui ont pu profiter de ce fortin militaire, construit sous Louis XIV pour défendre la rade de Marseille et racheté par André Laval, un industriel marseillais.

L’îlot fut baptisé du nom de son épouse, Liane Degaby, danseuse de revue (à ne pas confondre avec Gaby Deslys qui elle donna son nom à la Villa qui lui fait face sur les hauteurs de la Corniche) et qui rêvait de créer un théâtre pour « les muses des mers ».

Durant sept ans le lieu décoré d’œuvres d’art et de tableaux sera le cadre des fêtes mémorables pour la bourgeoisie marseillaise et les mondains parisiens des Années Folles. Pillé, l’îlot sombrera ensuite dans une lente léthargie changeant régulièrement de propriétaires, peinant à valoriser ce petit joyau en raison de projets souvent extravagants (hôtel, dancing et casino, tunnel, funiculaire).

 

Depuis peu, la société hôtelière qui en est propriétaire semble avoir trouvé la bonne équation pour exploiter le lieu avec un couple de gestionnaire très chaleureux (Sophie et Boris) et Mensa, un duo expérimenté composé de Sébastien Dugast (ancien chef exécutif du Môle Passedat) et de son associé et spécialiste du vin, Romain Nicoli.

Leur envie ? Vous offrir une parenthèse de rêve à quelques encablures seulement de la côte. Après avoir réservé votre créneau de navette rapide au départ du quai du Mucem, votre soirée est réservée, votre soirée est réservée puis confirmée la veille par email selon la météo.

La courte traversée en déroulant un magnifique premier trait de côte (Pharo, Catalans et Malmousque) et déjà un merveilleux prélude.

Puis vous voilà accostant sur l’île mystérieuse pour une montée des marches bien plus belle que celle d’une cousine voisine avec en point de mire, le Château d’If d’un côté et la villa jaune de la Petite ours de l’autre.

Vous franchissez enfin l’enceinte d’1m50 d’épaisseur par une petite de bois rouge pour découvrir cette place forte nappée de cactées en son centre.

L’équipe aux commandes à tout fait pour que le projet soit le plus le plus respectueux du site. L’électricité est à moitié solaire (et le sera complètement l’an prochain), l’eau est dessalinisée sur place ou récupérée de la pluie pour les sanitaires, un système de compost est prévu sur place pour les nombreux déchets organiques, Mensa s’approvisionnant auprès d’artisans, pêcheurs et maraîchers uniquement locaux.

Les tables sont installées sur la coursive faisant le tour du fortin offrant une vue panoramique sur Marseille et Les îles. Des petits coins salons avec gros coussins et chiliennes permettent des apéros toute en détente pour des couchers de soleil d’anthologie.

Enfin une grande terrasse permet d’accueillir d’autres tablées plus à l’abri lors de privatisation. L’ambiance musicale et le DJ en fin de semaine ne sont pas là pour transformer le lieu en dancefloor géant préviennent  – il y a déjà plein d’offres en ce sens à Marseille précisent les instigateurs – mais pour baigner le lieu de douces mélopées qui accompagneront les bruits de fourchettes.

Le menu joue les modestes, sans faire étalage de tout son catalogue. Trois entrées, trois plats et autant de desserts plus des belles pièces à partager. C’est déjà un exploit quand on veut célébrer le terroir local et les produits de saison dans de telles conditions imposant une cuisson à la flamme. Les cuissons longues (épaule d’agneau ou canette) sont, elles, préparées dans le labo de l’Estaque.

Parce qu’on a eu la chance de pouvoir goûter à presque toute la petite carte, on n’a pas boudé notre plaisir.

Les plats sont tout ce qu’on attend d’une cuisine qui régale autant les mirettes que les papilles dans les jolies assiettes de l’Atelier Franca.

Asperges vertes mimosa, aigrelette au wasabi, daurade marinée, aïoli et fenouil, condiment citron/encre de seiche, huile de feuille de figuier et tentacules de poulpe, petits pois comme un houmous, jus de concombre épicé. Circulez y’a rien à redire quand il ne reste rien dans l’assiette et qu’on a le sourie aux lèvres.

Les belles pièces de poisson désarêtées et de viande jouent juste dans la cuisson et leur croûte dorée. En desserts, fraises, crémeux citron, crumble d’huile d’olive, sorbet apportent une belle touche de fraîcheur et le galet du moment un moelleux et fondant insoupçonné.

Nous n’avons pas pu goûter aux deux cocktails signature maison servis depuis un grand comptoir extérieur construit pour l’occasion. Un bon prétexte pour revenir une autre fois, en mode apéro sunset cette fois avec des assiettes à partager : panisses et sauce à la terrine de cochon, tempura de légumes romanesco, saucisse de cochon/seiche purée et sauce bbq et autres gourmandises.

Si le décor est idyllique, l’ambiance n’est pas ampoulée et on ne vous tiendra pas rigueur si vous vous levez de table pour aller prendre l’air de la mer.

Le Petit Plus : lors du déjeuner du samedi ou du dimanche, vous pourrez profiter de la mer et des bains soleil. N’oubliez pas le combo gagnant maillot-paréo-chapeau.

Par Eric Foucher