Voici le type d'adresse pour laquelle on ne demandera jamais au chef de calmer ses ardeurs. Au contraire, on redemande de ces poulets fermiers, travers de porc ou joue de bœuf à la peau patiemment dorée par la rôtisseuse et au jus à saucer sans modération.
C’est parce qu’il peinait à trouver en un même lieu de quoi faire un apéro copieux avec ses amis que Cédric a eu l’idée de proposer un petit restaurant, traiteur et épicerie. Mais pas n’importe lequel : une rôtisserie qu’il a baptisé « l’Ardant » , du latin Ardere (brûler, griller, flamber). Et même si vous vous foutez de l’étymologie latine, il y a fort à parier que le jus du poulet qui n’est pas du gras mais un vrai jus à base de carcasses et d’ailerons vous titilles les papilles.
« C’est le jus qui fait le plat et à chaque plat, son jus » déclare l’ancien chef d’une célèbre table étoilée marseillaise.
Pour cette dernière, il était en charge de sourcer les meilleurs produits dans la région et a gardé cette habitude dans sa plus modeste adresse du boulevard de la Corderie. A notre arrivée la chevrière vient tout juste d’apporter ses fromages frais.
Grâce aux volailles Label Rouge, élevées au grain, en liberté et sans OGM dans la Drôme et au secret de cuisson, le quart de poulet conserve toute sa tendreté, les chairs s’imbibent d’un jus gourmand dès qu’on plante la fourchette dedans.
Travailler les marinades, les jus et proposer des accompagnement variés (gratin dauphinois, arrancini, etc… ) c’est tout ce qui fait la différence de cette nouvelle adresse où l’on peut tout aussi bien trouver de jolis bocaux et conserves que d’excellents vins du Vaucluse (Vacqueyras et Châteauneuf du Pape en tête) dont le taulier est originaire.
Ce que l’on apprécie aussi, c’est de pouvoir déguster plats (ah les œufs cocote, crème de champignons et jus de poulet !, salade césar, quiche et tutti quanti dans de la jolie vaisselle à l’ancienne et un cadre très soigné jusque dans l’identité visuelle signée C& C.
Banquettes de molesquine, vraies chaises bistrot, grand miroir qui permet d’agrandir la petite salle d’une dizaine de couverts et, derrière le comptoir, une rôtisseuse de compétition: restauration rapide mais des tables où l’on se plaisir à prendre son temps.
Riz au lait caramel beurre salé, coulant au chocolat, crème anglaise au maïs grillé, tarte au citron renversée, les desserts ne sont pas en reste et bien évidemment également maison.
Manger un bon plat, un dessert accompagné d’un café pour vingt euros environ est devenu rare. Alors quand le déjeuner est pris dans une belle atmosphère mélangeant habitants du quartiers, employés de bureau et touristes en pèlerinage vers la Bonne mère, on ne boude pas son plaisir.
On s’y sent bien, c’est sans chichi, et on ne vous regarder pas avec des gros yeux si vous mangez avec les doigts votre aile de poulet.
Le Petit Plus : Dans les rayons comme la banque réfrigérée tout pour proposer un apéro gourmand.
Par Eric Foucher (texte et photos)