A Marseille, la restauration prend de la hauteur au sens propre comme au figuré. Sur le toit du Ciné Artplexe Canebière, les Réformés font swinguer le corps et danser les papilles.
Pas facile d’apporter chaleur et convivialité à un espace aux allures industrielles. C’est pourtant le pari réussi par Tatiana Halimi (co-gérante de Mando Hospitality) et son équipe. Après trois ans de recherche, elle fut ravie de se voir confier les clefs du toit-terrasse du complexe Artplexe, nouvellement ouvert en haut de la Canebière face à l’église des Réformés, qui a donné son nom à l’établissement.
« Nous voulions donner l’impression d’arriver dans le loft d’un copain avec vue sur les toits de Marseille ».
Un copain avec beaucoup de goût cependant, puisqu’au milieu d’un concert d’ouvertures d’établissements aux décor proprets – mais souvent sans âme – Les Réformés, à l’image de son logo très expressif, ose une décoration plus originale et pop (signée A+ Architecture). Les meubles design se mélangent à merveille aux mobiliers vintage chiné par Max Bonon, l’un des associés. Partout sur les murs des œuvres personnelles de la famille, férue d’art et de musique.
Les connaisseurs auront tôt fait de remarquer une planche de Jodelle, bande dessinée culte créée par l’artiste belge Guy Peellaert en 1966, mais aussi d’autres œuvres des artistes Ben, Speedy graphito, Alain Clément, César, Arroyo Eduardo, Marie Hugo, Kiblind, Pierre Bendin Boucar.
La singularité du lieu tient dans le fait qu’il se compose de différents espaces plus ou moins intimes. Une grande salle à manger devant la cuisine ouverte, des petites tables dans les coursives le long de grandes baies vitrées et une seconde salle, plus grande et son bar à cocktails dont le plafond en miroirs permet de se jouer des perspectives.
Cette dernière accueille une programmation Jazz sessions tous les mardis assurée par Cyril Benhamou et ses invités de 21.00 à 00.00 qui s’accordent parfaitement avec une vue panoramique rare sur le centre de Marseille. Et les samedis soir place à des DJ’s invités de 22.30 à 1.30. Pour un temps, on se croirait transporté dans un bar d’hôtel d’une mégalopole en vue.
Parlons-en de cette vue. Un peu gâchée par des montants de baies vitrées très larges à l’intérieur certes, mais juste sublime sur la terrasse depuis laquelle on embrasse du regard la fontaine des Danaïdes, l’église des Reformés, le fameux kiosque à musique, la Canebière et au loin la Bonne Mère. Rien que ça ! Exposée plein sud à l’abri du mistral, on y déjeune en bras de chemise le midi, même en hiver.
« On n’a rien inventé, mais on essaie de pratiquer le B-A-B-A de la restauration avec professionnalisme et jovialité. »
Traduisez dans le texte une cuisine sans trop de chichis, une carte de cocktails classique (mais bien exécutée), des vins simples et pour tous les goûts. L’équipe de cuisine emmenée par le duo de chefs Italo- Mexicain Paolo Molinari et Sébastien Misseri comme celle en salle dirigée par Romane Favre respire effectivement la bonne humeur et se montre très réactive.
Côté cuisine, la carte proposée par le chef-consultant Victor Thoueil fait la part belle aux produits de saison et aux fournisseurs locaux (Pain Pan, Victor bière, Sud Fromage, RM marée, Bigoud pour les herbes et fleurs, pour n’en citer que quelques-uns)
Le menu du midi est renouvelé chaque semaine, pour vous proposer une sélection de trois entrées, trois plats et deux desserts. Dans nos assiettes par cette belle journée ensoleillée d’hiver un velouté de patate douce, œuf parfait, émulsion d’ail et tuile au parmesan bien onctueux et un Tataki de saumon très frais pour attaquer. Un poisson chou-fleur et pistache et une côte de cochon abotia, pomme pont neuf et jus aux épices – un second plat qui aura tous nos suffrages – pour enchaîner. En dessert, un fondant chocolat et une génoise amande citron vert mangue litchi, deux touches sucrées pour terminer en beauté, l’estomac rassasié mais pas lourd.
Le soir, on enchaîne avec des petites assiettes à partager, mais toujours en mode découverte d’un mixe de saveurs comme avec cette croquette de tête de veau et pickles ou ces couteaux mangue et soja. Cela chiffre forcément un peu plus qu’en journée mais le cadre et la programmation le justifie aisément.
On est vite enveloppé par les bonnes ondes qui se dégagent de cette nouvelle adresse qui vient cocher avec bonheur une case encore manquante dans l’échiquier de la restauration à Marseille, celle de la brasserie arty et festive.
Le Petit Plus : Au troisième étage un espace événementiel de 200 m2 permet d’accueillir des événements privés ou d’entreprise
Par Eric Foucher