Chez Aposto, c’est un peu tous les jours dimanche. Comme un repas de famille où l’on discute autour de la cheminée et l’on finit dans un transat sur la terrasse, repu et le sourire aux lèvres, au son d’un mix jazzy en se disant : "comme le temps a filé !"
C’est une maison marseillaise aux volets de bois bleus avec une jolie courette arborée dans le village de pêcheurs de Malmousque telle qu’on pourrait la fantasmer dans nos envies de farniente. En toute simplicité, elle offre le luxe d’une escapade intime et secrète chez ses nouveaux locataires, Nadia Lagati et Philippe Ivanez.
Dans le droite ligne du mouvement slow food italien, Aposto ! qui veut tout à la fois dire « en place » et « tout va bien » souhaite célébrer des moments de partage et de rencontres autour de l’art et la gastronomie. Pour le couple à la ville comme aux fourneaux, la « drôle d’année » passée fût le déclic d’une nouvelle façon de voir leur métier, ralentir la cadence pour prendre le temps de vivre et de créer.
Est-il besoin encore de présenter ceux qu’on surnomme les Jnoun ? Infatigables voyageurs et cuisiniers nomades, on les a croisés depuis vingt ans sur des événements fameux – Aires Libres, Mimi, Yeah ou plus dernièrement le Mow, festival du poulpe dont ils sont à l’origine – ou dans des cantines arty, comme la Jetée aux Variétés. Ils ont aussi remis au programme des étudiants des matières premières oubliées, pour retrouver le bien manger. La cantine de l’École des Beaux Art de Luminy qu’ils gèrent (Gargantuart) continue d’ailleurs de leur servir de labo pour préparer une partie de menus d’Aposto ! Mais pour cette table d’hôtes en petit comité, ils se sentent plus libres d’innover afin de faire voyager nos papilles à la recherche des goût perdus.
Aidé par le chef Thibault Kapeluche les mariages terre-mer et sucré-salé n’ont jamais été aussi justes. Le seul énoncé du menu suffit à vous mettre en joie : cromesquis de tête de veau, radicchio et agrumes, poitrine de veau roulé en croûte d’herbes et son jus façon Osso Bucco, ravioles de queues de bœuf au bouillon asiatique, ballotins de chapon aux fruits du mendiants, etc. On vous en passe et des meilleurs. Quand une simple terrine, concoctée avec des restes de joue de bœuf et poitrine de porc de la veille, est réveillée par les feuilles d’un citron kaffir, c’est l’Asie qui s’invite au milieu de notre bon vieux terroir.
Viandes et poissons grillés, plats longuement mijotés, le repas redevient ce moment où vous prenez le temps de savourer les choses et retrouver le goût des bons produits (les légumes du maraîcher Jérôme Laplane et du voisin Jean-Baptiste Anfosso ne sauraient mentir sur leurs origines paysannes). Vous aurez tout le loisir aussi de discuter avec les hôtes qui ont imaginé non pas un cabinet mais toute une maison et un jardin de curiosités chinées, détournées, crées : les fameuses assises (chaises et transats reprenant leur photos de voyages) mais aussi des couverts tatoués, des sculptures et un sélection d’œuvres d’art qui viendront orner les murs : des travaux des étudiants des Beaux-Arts ou des sérigraphies de l’atelier de sérigraphie Tchikebe à découvrir par exemple. Un joli bazar où tout est à vendre. Une adresse pour happy few sélectionnés par la seule curiosité, c’est bien là tout l’intérêt.
Le Petit Plus : Dès le printemps, des artistes (musiciens, peintres, danseurs, plasticiens, etc) seront invités à proposer des performances pour tous les sens. Des chambres d’hôtes vous permettront aussi aux voyageurs une immersion totale dans l’esprit village de la calanque de Malmousque.