Lieu de rencontre et de convivialité tout au long de la journée, le bistrot joue sur un fil pour accueillir tous les publics. Un exercice d’équilibriste parfaitement réussi en cuisine comme au comptoir par Marché Noir aux angles de deux avenues marseillaises.
Le quartier des Cinq avenues connaît à son tour un lifting salvateur de ses commerces de proximité vieillissant. Ce qui fait qu’on a enfin envie de s’y arrêter. Mais avec Marché Noir comme avec d’autres adresses qui ont fait le pari de s’y installer précédemment (citons entre autres le Bistrot Margaux, Le Bricoleur de douceurs ou Virginie Monroe la maison ), il échappe pour l’instant – et c’est heureux – aux adresses et franchises aux concepts fumeux qui le destineraient à devenir « tendance » pour quelques happy few. Si le trafic reste dense dans ce quartier passant, la terrasse côté boulevard Philippon est devenue enfin désirable depuis que le tramway a considérablement limité la circulation.
Bien qu’ayant été réaménagé de fond en comble et rebaptisée, l’adresse est restée un point de rencontre habituel pour les habitants ou travailleurs du quartier. Un décor qui reprend les codes bistrot (banquette, chaises cannelées et grand comptoir) sans en faire trop pour accueillir une clientèle mixte, depuis la mamie venue boire son café du matin avec le journal jusqu’aux jeunes cadres sirotant un cocktail après le boulot, en passant bien sûr par des employés du coin se restaurant d’une saine cuisine de marché comme le suggère la première partie du nom.
Mais pas de produits de contrefaçons, ni frelatés dans ce marché noir là. Que des articles de première main venus de l’Épicerie Paysanne voisine pour les produits primeurs ou de petits producteurs de la région autant que possible pour le reste. Le côté noir n’a donc rien de sombre. Bien au contraire, il est décliné de façon funky dans le menu en pain au charbon, mayonnaise à l’encre de seiche et autres cocktails à la vodka noire.
C’est à deux enfants du quartier que l’on doit la cure de jouvence de ce fameux bistrot d’angle. Tout juste trentenaire, Sandra et son frère Hedi n’en sont pourtant pas à leur premier projet professionnel. La première, qui a fait ses gammes dans le retail mode, apporte son expertise dans l’opérationnel, le second des idées fraîches pour le quartier par son côté créatif déjà éprouvé ailleurs.
C’est à lui notamment que l’on doit le Woody Bohemian, un bus anglais installé sur le campus de l’école Kedge à Luminy et qui propose une alternative healthy à la restauration collective pour les élèves comme les professeurs. Il entame sa sixième rentrée avec comme concept simple de ne proposer qu’un plat unique et différent chaque jour afin de garder la restauration rapide dans le frais à un tarif compétitif.
Et comme on ne change pas une recette qui gagne, c’est la formule déclinée également à Marché Noir (avec ici deux suggestions en plat principal néanmoins) avec Tom au fourneau qui assure comme un chef, normal me direz-vous puisque c’est sa fonction.
N’empêche, ce n’est pas donné à tout le monde de proposer des assiettes copieuses et différentes chaque jour avec des produits frais et à un tarif abordable. Et notre homme se paie le luxe d’être un brin créatif, ce qui ne gâte rien. Après une petite entrée de guacamole et ceviche de saumon de bonne facture, le risotto à la betterave et ses petits légumes ainsi que le canelloni-ricotta et poulpe persillé vous en bouche un coin, dans tous les sens du terme.
Le soir, l’établissement propose des petites assiettes à partager (panisses, planche de charcuteries et fromages, ceviche) qui accompagneront à merveille votre pression, verre de vin ou cocktail maison pour des apéros sages qui ne coûtent pas un braquage.
Le Petit Plus : Prochainement (i.e quand les règles sanitaires le permettront) verront le jour des brunchs dominicaux sur les deux terrasses autour de grandes tablées nappées pour se retrouver en familles ou entre amis en toute convivialité.
Par Eric Foucher