Marseille compte un petit nombre de commerces historiques. Parmi eux, le Café Prinder, qui régale le marché des Capucins depuis 1925.
Avec son entrée coincée entre deux commerces, le Café Prinder peine à se faire remarquer. Sous les stores de sa petite terrasse se cache pourtant un bistrot bourré d’anecdotes. La famille Prin-Derre arrive d’Italie au début du XXème siècle et investit une ferme de Saint-Jérome, où ils produisent du lait pendant quelques années – un cadre sur le mur du café garde un souvenir de la dernière bouteille. Vient alors l’opportunité d’acheter un bistrot à Noailles. En 1925 naît le Café Prinder. 90 ans plus tard l’affaire est toujours entre les mains de la même famille. C’est Paule, la femme du petit-fils Prin-Derre, ainsi que son frère Pierrot et sa sœur Nelly qui perpétuent la tradition qui se remarque à travers bien des objets. Parmi eux, le magnifique comptoir en zinc et son macaron de certification signé Lombard & Jean, les miroirs qui forment une frise le long des murs, ainsi qu’une table en marbre où l’on confectionne aujourd’hui les sandwichs du midi. Un peu plus loin, un cadre protège la licence de débit de boisson du Café, la plus ancienne à avoir traversé les âges à Marseille. Sur un mur, un tableau représente d’anciens clients dont « Le Chinois », qui avait l’habitude d’écrire des lettres anonymes incendiaires aux gens du quartier.
Aujourd’hui, Pierrot sert des cafés de la Torréfaction Noailles, mais aussi des thés à la menthe qui font fureur, et dont il tient la recette bien secrète. La méthode pour un bon café reste très simple. Il suffit d’avoir du bon grain, un moulin efficace, et une machine entretenue avec soin. Le midi, le café se transforme en bistrot et régale en petits plats simples comme des omelettes, des salades ou des sandwichs. La fraîcheur est assurée, vu qu’il suffit de traverser la place pour acheter de la viande, du poisson ou des légumes. Et si Prinder n’accueille plus les Montand ou les Trénet, mais tous les commerçants et habitants de Noailles, il garde néanmoins son histoire et ses anecdotes bien au chaud, pour faire de lui un grand de Marseille. (TC)