Quel meilleur social club qu’un marché ? Les créateurs de celui des Argonautes l’ont bien compris qui avec leur halle alimentaire proposent un slow shopping pratique, local et accessible autour du slogan. « Finie la course, vive le marché ».
Enfin un marché qui porte bien son nom. Dans celui des Argonautes qui a gardé le nom du théâtre qu’il a remplacé, se joue chaque jour la pièce d’une vie quotidienne et sociale qui n’aurait pas oublié la bonne humeur et la convivialité.
Les rôles principaux sont tenus par des artisans passionnés (boulanger, fromager, boucher poissonnier, primeur et caviste) qui prennent le temps de vous expliquer la provenance de leurs produits et de vous conseiller dans vos achats.
A la mise en scène, deux trentenaires revenus du monde de l’industrie – ils se sont rencontrés chez Renault – qui se sont lancés dans ce pari un peu fou pour lequel nombreux se sont cassés les dents : proposer des produits locaux à prix raisonnable.
« Finie la course vive le marché » est le slogan bien trouvé pour exprimer le plaisir de faire des emplettes de bons produits hors des circuits de la grande distribution.
« On voulait vraiment que ces halles alimentaires s’inscrivent comme un commerce de quartier et soient faites pour les achats du quotidien » souligne Pierre Da Silva
Et la gageure est bien là : résoudre l’équation compliquée de la qualité au juste prix pour que producteur, commerçant et consommateur s’y retrouvent.
Le marché des Argonautes semble lui avoir trouvé la solution : pas d’intermédiaire, des producteurs dans un rayon de cent kilomètres maxi, un système de vente en vrac, de consigne et une caisse unique pour limiter le personnel et les charges.
« L’objectif était que cela soit bon en termes de goût, mais aussi pour l’environnement et le tissu économique local » poursuit son associé Amaury Lapinte.
Pour ce faire, les deux hommes n’ont pas ménagé leurs efforts afin de rendre le lieu agréable et fonctionnel. Ils ont conservé dans le décor la magnifique verrière, refaite pour l’occasion par un maître verrier de Lyon. En motifs, la symbolique de l’arrivée des eaux au Palais Longchamp voisin et une citation d’Alphonse Daudet qui résonne comme un manifeste: « Quand le blé est mûr, il faut le couper, quand le vin est tiré, il faut le boire ». Elle illumine la vaste salle en enfilade mêlant vieilles pierres et poutres de bois, sous laquelle sont installés les différents stands alimentaires.
La modeste façade se distingue par sa enseigne peinte comme les réclames d’antan. Avec les ferronneries des portes – elles aussi conservées – et les caisses de primeur en bois à l’entrée, ce petit marché a tout de suite plus de gueule qu’un supermarché aseptisé.
Dès l’entrée, les beaux fruits et légumes vous font de l’œil. C’est le rayon d’ Alexandra et de Pierre qui se lève régulièrement aux aurores pour s’approvisionner chez les meilleurs paysans du coin.
Puis on découvre la partie boulangerie (livré chaque jour par Ferments Bakery) et le café de spécialité sortant de la rutilante Marzocco, bien agréable pour un petit déjeuner sur la terrasse du boulevard Longchamp. Un rayon produits en vrac et épicerie fine avec toutes sortes de conserves, jus et bocaux finalement sourcés est en libre service juste en face.
Le caviste, c’est Hugo. Il a choisi de ne proposer que des vins de vignerons en bio et biodynamie avec des prix très accessibles, des petites maisons de champagne en direct, des cidres de producteurs, des spiritueux, des bières et des pastis artisanaux (Zoumaï et Brasserie de la Plaine).
La bonne idée, c’est surtout de proposer aussi du vin à la tireuse (Domaine d’Eole à Eygalières) pour se faire plaisir sans se ruiner, à consommer sur place lors des apéros ou à emporter chez soi (consigne).
« Ce que j’aime c’est ouvrir régulièrement des bouteilles pour faire des dégustations avec un petit morceau de fromages »
Les fromages justement, c’est la chasse gardée d’Amaury qui a pris le temps de se former en fromagerie et de rencontrer des producteurs dont ceux de la fameuse brousse du Rove.
Nicolas, lui, gère le stand boucherie et ne vous propose que le meilleur : porc capelin élevé aux châtaignes dans le cantal, bœuf du limousin, veau Bergot élevé sous la mère en Occitanie, agneau de lait de l’Aveyron.
Également de la charcuterie espagnole, italienne et française et aussi des plats cuisines chaque matin par madame dans la partie traiteur.
Enfin Eric gère lui la poissonnerie du fond avec une jolie fresque de Sign Alt qui a aussi réalisé la devanture. Il propose entre autres des coquillages de Camargue et de l’étang de Thau. Un petit vivier tout juste installé permet de proposer en direct des chalutiers de Roscoff des crustacées vivantes.
Eric a rejoint l’aventure pour le bel esprit d’équipe. « Avant l’aspect financier c’est le côté humain qui a primé. On se sent comme dans une grande famille. »
Le Petit Plus : Pièce de théâtre, showcases, concerts acoustiques, événements autour de l’alimentaire, ce lieu de vie et rencontres se prête à tous les formats et nous a déjà conquis par l’atmosphère qui s’en dégage.
Par Eric Foucher / Texte et photos