Après un studio photo et une petite galerie planquée dans un quartier huppé de Marseille, Kokanas se frotte à la rue d’un quartier populaire. Le vaste atelier partagé où travaillent déjà neuf artistes accueillera régulièrement de bourdonnantes performances et manifestations publiques.
On avait quitté Sébastien Thévenet dans la réserve encombrée d’un garage transformé en petite galerie sur les hauteurs de la ville (quartier Bompard), multipliant vernissages et lectures devant un parterre d’initiés.
On le retrouve tout aussi exalté quelques mois plus tard, devant un public plus large et mélangé présentant la Ruche, un vaste atelier de production et de diffusion de l’art, aux côtés de neuf artistes qu’il a déjà embarqué dans l’aventure.
« Être en mer, c’est être devant l’ennemi. Un navire qui fait une traversée est une armée qui livre une bataille. La tempête se cache mais ne s’absente pas. Toute la mer est une embuscade ».
C’est en citant Quatre-vingt Treize de Victor Hugo qu’il décrit son projet et l’engagement que lui, les artistes et tous les bénévoles de l’association, ont réuni pour transformer en un temps record un grand local vétuste et délabré de la Belle de Mai en un grand plateau ouvert sur la rue, grâce à de grande baies vitrées.
La Ruche Kokanas été imaginée comme un foyer pour les artistes afin de leur permettre de travailler dans de bonnes conditions et à moindre coût. Elle prend la forme d’une association qui les accompagne dans le processus de production d’œuvres d’art et travaille à leur promotion.
L’ espace peut être divisé grâce à des cloisons mobiles en dehors des temps d’expositions et d’évènements, afin que chaque résident puisse définir son univers. Mais la mutualisation du lieu doit permettre de faire germer des synergies entre les artistes et d’imaginer de nouvelles formes d’art.
En prise direct avec le quartier, la Ruche entend bien infuser l’art au cœur de la ville en proposant aux passants de expériences inédites, en accueillant des visites pédagogiques ou en réalisant des fresques murales et autres monuments éphémères dans la rue – l’idée d’une sculpture sonore aux poètes inconnus fait déjà son chemin – de façon spontanée ou lors de commandes publiques.
Vous retrouverez sur le site de la Ruche une présentation des premiers résidents (Americo Basualto, Céleste Gangolphe, Clothilde Cras de Belleval, Juliette Liautaud, Mayssoun Mauve, Rudy Ayoun, Elise Indovino, Jules Mimouni et Yannick Martin) dont vous pourrez admirer les œuvres singulières lors des temps d’expositions.
Non loin de la Friche Belle de Mai et tout près du Couvent Levat, la Ruche apporte une pierre supplémentaire à la construction d’une écosystème artistique exigeant et populaire dans ce coin-là de Marseille, avec le désir avoué de « réenchanter le ville ».
Le Petit Plus : Tous les mois une grande soirée ouverte au public mélangeant les arts (théâtre, danse, arts plastiques, musique, cinéma)
Par Eric Foucher