À deux pas du Lycée Thiers, Nadjatie vous reçoit comme chez elle avec d'exotiques douceurs qui pimenteront votre quotidien. Ici la cuisine du marché s’enjaille grâce aux épices des cornes de l’Afrique en hommage à ses racines comoriennes.
Sur la façade est peinte une intrigante carte d’identité. Un hommage à sa grand-mère venue des Comores en région parisienne et qui lui a transmis cet amour de la cuisine.
Depuis un an Nadjatie Bacar a quitté le Panier où nombreux se souviennent encore de sa cuisine généreuse, de ses rhums arrangés et de son art d’accommoder les piments pour cette petite rue piétonne derrière les Bernardines qui gagnerait à être plus connue.
Là on retrouve sa bonhommie ordinaire qui la fait chanter, sourire et vous recevoir comme si vous vous étiez quittés la veille.
C’est un sacré caractère que ce bout de femme là, à la fois mystique et bonne vivante, qui vous accueille avec ses jus maison. Celui du jour aux orties, piments et gingembre est un délice et viendra s’acoquiner d’une touche de rhum. Et en avant vers la joie …
Elle a gardé pour cette seconde adresse l’oxymore qui la définit si bien, elle et sa cuisine : douceur piquante. Dans les casseroles et fait-touts une ribambelle de plats mijotent avec ses petits secrets.
Elle ne cherche pas des accords improbables pour créer la nouveauté à tous crins mais à marier les recettes traditionnelles de l’océan Indien ou de l’Afrique avec des nouvelles saveurs dont elle s’est entichée en Provence, agrumes en tête.
Au menu des réjouissances ce jour-là une soupe indienne, ses fameuses boulettes magiques, un retour de pêche (ici des petites sardines) avec un riz soleil et un madaba aux petites noix de Saint jacques, manioc et riz achard. Mais surtout de délicieuses sauces comme celle où elle intègre de la framboise.
En dessert, un succulent fondant au chocolat et piment d’Espelette et un étonnant gâteau de riz cuit au four avec une compoté de kumquats et un jus de mandarine. Savoureux avec un jus de bissap !
Nous terminerons le déjeuner avec un café de Zanzibar pour rester dans la couleur locale. Nous n’aurons pas l’occasion de trinque avec les nouvelles cuvées de Microcosmos, le chai urbain de Fabienne Vollmy, mais ce n’est que partie remise.
À déguster une autre fois en soirée car, vous l’avez deviné, le restaurant à un goût de reviens-y, autant pour la cuisine que pour son atmosphère joyeuse et colorée.
Le Petit Plus : Lieu de partage, Douceur Piquante expose régulièrement des artistes. Les murs sont actuellement rythmés par des petites peintures « absurdes et surréalistes » (sic) de Francois Besson.
Par Eric Foucher