Beyrouth la belle, perçue à travers le prisme de quatre photographes. Une plongée dans la jeunesse, la nuit, l'intimité et la vie de capitale libanaise, rendue possible à la Salle des Machines de la Friche Belle de Mai.
À l’Orient comme à la Méditerranée, on associe couramment la lumière intense du plein midi. De grands photographes se sont intéressés à cette pureté presque aveuglante. Ceux qui sont présentés ici (dans le cadre d’une prolongation du Festival Photomed à Marseille), et dont le sujet commun est Beyrouth, métropole blessée et fascinante, ont fait d’autres choix. Leur ville ne vibre ni de chaleur ni de ce chaos qui caractérise le plein jour.
George Awde cherche la complicité d’une lumière jeune, matinale, pour restituer toute leur beauté à des êtres jeunes, trop tôt initiés à la cruauté d’un monde en guerre.
D’autres préfèrent explorer l’intimité nocturne de Beyrouth, comme si une autre ville, peut-être plus fidèle à son destin élégant et sensuel, redevenait visible à la tombée du jour. C’est cette ville qu’arpente et célèbre le jeune italien Giulio Rimondi. Lara Tabet, qui en connaît depuis toujours les moindres recoins, se glisse, attirant le regardeur avec elle, dans les lieux secrets des rencontres furtives.
Bilal Tarabey (lauréat du prix Photomed Liban) a grandi loin de Beyrouth ; son itinéraire sensible est celui d’un retour, d’une redécouverte. Revenir au pays natal, au bord de la mer : n’est-ce pas le mouvement même d’Ulysse ? Jusqu’en ses formes les plus contemporaines, la culture méditerranéenne est fidèle à des affects que sut chanter, le premier, un aède aveugle d’il y a presque trois millénaires.
(Source : Friche Belle de Mai)