Entre la chaleur de la forge et le bruissement du bois, Hugo Le Morvan Idrac façonne bien plus que des couteaux. Artisan coutelier, hôte et passeur de savoir-faire, le Zouave cultive un art de vivre fait de gestes justes, de matière brute et de partage.
Fondateur du Couteau du Zouave, Hugo crée des couteaux artisanaux uniques, façonnés à la main à partir de bois locaux (en buis, noyer, chêne ou hêtre) et d’acier travaillé avec exigence. Inspiré par la forêt de l’Aude, ses ancêtres et les gestes traditionnels, il imagine chaque pièce comme un dialogue entre matière et usage. Entre Counozouls dans l’Aude où il se ressource et Marseille aux Docks des Suds où il a son atelier, il propose des initiations à la coutellerie, où l’on apprend autant à forger qu’à partager un moment. Cette philosophie se prolonge avec La Table du Zouave, un dîner mensuel convivial où coutellerie, cuisine, vins vivants et rencontres se mêlent. Un univers sincère, joyeux et profondément humain qu’il nous a confié peu avant un banquet où nous avions été conviés autour d’un poêlon géant de riz, de poisson, et de crustacés pour un arroz catalan cuisiné par Les Aymeriades.
Comment as-tu découvert la coutellerie et quel a été le déclic ?
J’ai découvert le travail du métal il y a environ 25 ans grâce à un ami, Florent, et ça a été un retour aux sources après 20 ans dans la communication. Le déclic, c’était l’envie de créer quelque chose de concret de mes mains.
Mon tout premier couteau, « Jacques », imparfait mais symbolique et très efficace, portait déjà cette envie d’authenticité.
Qu’est-ce qui t’a inspiré le nom Le Couteau du Zouave ?
Le nom vient d’une vieille maison qu’on avait achetée avec ma compagne Maelle à Counozouls, un petit village de l’Aude. Cette maison était habitée par un monsieur que tout le monde appelait le Zouave, et on a gardé ce surnom. Ça a donné la Maison du Zouave, puis le Couteau du Zouave, et ainsi de suite.
Pourquoi avoir choisi de t’installer dans les anciens Docks des Suds à Marseille ?
Après 25 ans de vie à Marseille, installer l’atelier dans les anciens Docks, maintenant appelés La Plateforme, était une évidence. Le lieu industriel nourrit mon travail, j’y fabrique et vends mes couteaux, et j’accueille des personnes qui viennent dessiner et réaliser leur propre lame sur une journée lors de formation.
Pourquoi as-tu voulu transmettre ton savoir-faire ?
Très vite, j’ai ressenti le besoin de partager ce que je faisais. Accueillir des gens qui viennent créer leur propre couteau, c’est bien plus que leur apprendre un geste technique. C’est avant tout un moment que j’adore passer avec eux, mais il n’y a pas que le fait de forger. On se retrouve aussi à partager un repas ensemble, parfois une bouteille de vin, on parle de nos histoires, de nos familles. Il y a vraiment une atmosphère conviviale.
Et la Table du Zouave, c’est quoi l’idée ?
La Table du Zouave, c’est une expérience un peu hors du temps. Chaque mois, on change de chef, et je travaille avec mon frère Gauthier Idrac (La Soif du vendangeur), pour la partie vin et bière.
L’idée, c’est d’accueillir les gens dans l’atelier et de leur faire vivre un moment convivial, autour de la coutellerie et d’un bon repas.
Où voudrais-tu emmener le Couteau du Zouave dans les prochaines années ?
J’ai une vision de ce qui m’anime. Le Couteau du Zouave, la Table du Zouave, ce ne sont pas que des projets centrés sur le couteau. C’est une manière de lier l’artisanat, la bonne cuisine, le vin nature, la bière vivante et les gens qui aiment l’art de la table.
Ce que j’aimerais, c’est créer un endroit où les gens viennent non seulement pour voir comment on forge un couteau, mais aussi pour partager un repas, échanger avec des vignerons et simplement passer un moment chouette. Un lieu où l’on pourrait voir les artisans travailler derrière une grande baie vitrée, et déguster un plat sur place.
Marseille reste mon terrain de jeu, avec Counozouls comme refuge, pour continuer à tisser ce lien entre la forge, la table, la famille et les amis 🙂
Propos recueillis par Eric Foucher / Photos E.F et le Couteau du Zouave












