Il est des lieux qui ne suivent pas les tendances. Ils les créent. Devo est de ceux-ci qui, en écho au groupe culte de synth-pop dont il a repris le nom, propose à Marseille un décor envoûtant au service du dîner, du partage et d’une certaine idée de la fête.
Une création totale pensée à six mains
Ils n’étaient pas encore nés quand le groupe américain DEVO se faisait connaître par sa new-wave nerveuse et minimaliste aux sonorités robotiques. C’est pourtant cette esthétique rétrofuturiste -qui trouvera au cinéma sa transcription visuelle avec David Lynch – qu’un trio a choisi pour sa nouvelle affaire qui ne manque pas de faire parler d’elle à deux pas de la Préfecture.
Et pour cause, en pénétrant chez Devo, vous aurez vraiment l’impression d’entrer dans un décor de cinéma. C’est bien ce qu’a voulu Ferdinand Fravega en confiant au duo créatif formé par Axel Chay & Mélissa Chay le design de ce nouveau bar-restaurant très cinégénique : un intérieur sculptural pour le dîner, un comptoir intimiste pour le dernier verre.
Ici laque profonde, velours et inox rutilant se mêlent à des pièces design aux accents 70’s (meubles en loupe, bibliothèque en plexi et maquette kitchissime) pour un décor envoûtant qui ose une symphonie des styles et appelle à rester tard. Car les longues tentures, l’éclairage tamisé et une playlist indé ont tôt fait de transformer le lieu en une scène intime où chacun peut jouer sa partition.
On pourrait se croire dans une vermuteria italiennes ou dans un bar de copas madrilène. Mais on est bien à Marseille, dans ce quartier de la Préfecture où l’on s’ennuyait à mourir en soirée jusqu’à maintenant.
Axel et Mélissa signent ici leur première réalisation d’envergure : un lieu qui n’est pas seulement décoré mais conçu dans son intégralité. À madame l’orchestration des matériaux, l’ambiance lumineuse, la circulation et l’ambiance. À monsieur le design du mobilier exclusif – magnifiques chaises tubulaires auquel on pardonnera volontiers l’inconfort des dossiers, luminaires géométriques – qui donne corps à l’espace. Et au studio Flirt le logo et la D.A très eighties.
Du solaire, du sincère, du nocturne
Pour autant, ce lieu ne joue pas le fanfaron. Le chef Ferdinand Fravega, déjà remarqué avec deux autres adresses singulières (Ippon et Figure), signe ici une carte simple, solaire et sincère. Pas de démonstration inutile, mais des plats d’une cuisine française des familles alignés aux saisons et qui fleure bon la Provence et la Méditerranée.
En entrée on pouvait ainsi lors de notre passage se laisser séduire par des huîtres Chiron Fils, une terrine de foie de lotte croise, une brousse fraîche corse à la moutarde de Reine-Claude. Mais pour nous ça sera un fondant thon rouge Ikejime à cru de Méditerranée et une échine de porc est sublimé par un jus caramélisé.
Le risotto carnaroli lui est parfumé à souhait et la brigade en cuisine réussi la prouesse de rendre sexy un minestrone et des tripes à la niçoises.
En dessert, le soufflé au cacaco grand cru et sa crème anglaise à la sauge fond délicieusement dans la bouche et finit par tordre le cou à la mauvaise réputation culinaire des restaus où l’on s’enjaille.
D’autant que l’adresse propose une très belle cave que l’on aperçoit dans l’une des alcôves des vins et qui propose pas moins d’une centaine de références de vins naturels de vignerons indépendants.
Le Petit Plus : Le côté trois en un du lieu. On s’installe en terrasse pour un apéritif sous les étoiles avec une carte de snacks à partager, on glisse à l’intérieur pour un dîner feutré, puis on s’accoude au comptoir pour le dernier verre, dans une ambiance taillée pour durer jusqu’à tard.
Par Eric Foucher / Photos E.F et Mathilde Hiley









