Quoi ? : Objet mémoriel
Où ? : Mucem
Un lien ? : Cliquez-ici

Le 9 octobre 2025, Robert Badinter fait son entrée au Panthéon. À cette occasion, le Mucem lui rend hommage en présentant la Guillotine. Cet objet de mémoire rappelle son engagement indéfectible pour l'abolition de la peine de mort et la portée universelle de son combat.

De l’instrument de mort à l’objet d’histoire

Inventée à la fin du XVIIIᵉ siècle pour rendre les exécutions plus « rapides et égalitaires », la guillotine s’impose dès 1792 comme l’instrument officiel de la justice française. Conçue d’après les travaux du docteur Antoine Louis et popularisée par le député Joseph-Ignace Guillotin, elle symbolise la rigueur implacable du châtiment.

Au fil des décennies, elle accompagne les grandes secousses de l’histoire nationale : de la Révolution aux régimes successifs du XIXᵉ siècle, en passant par les dernières exécutions publiques.

Le modèle aujourd’hui conservé au Mucem fut construit en 1872 par Alphonse-Léon Berger, en remplacement de celui détruit pendant la Commune de Paris.

La dernière fois qu’une lame s’abattit en France, c’était à Marseille, le 10 septembre 1977, à la prison des Baumettes.

Ce fut la dernière application de la peine capitale dans le pays avant son abolition.

Robert Badinter : un combat pour la dignité humaine

Quatre ans plus tard, le 17 septembre 1981, Robert Badinter, alors garde des Sceaux du président François Mitterrand, prononce à la tribune de l’Assemblée nationale un discours resté historique.

Dans un climat social encore tendu – 62 % des Français demeuraient favorables à la peine de mort – il défend avec courage un projet de loi d’abolition qui marquera un tournant majeur dans l’histoire des droits humains.

La loi du 9 octobre 1981 met définitivement fin à la peine capitale en France.

Un an plus tard, en 1982, Badinter propose que la guillotine d’Alphonse-Léon Berger rejoigne les collections nationales. Par ce geste, il souhaite inscrire dans la mémoire collective la trace tangible de la peine de mort, « au moment même où la France s’en libérait ».

Dès lors, la guillotine cesse d’être un instrument de mort pour devenir un objet patrimonial, un symbole d’évolution morale et de justice éclairée.

Du cachot au musée : la guillotine entre dans les collections du Mucem

Intégrée en 1982 aux collections du Musée national des Arts et Traditions populaires (dont le Mucem est l’héritier), la guillotine a longtemps été considérée comme trop chargée pour être exposée au public : elle ne le sera qu’en 2010, lors de l’exposition « Crime et châtiment » au musée d’Orsay, sous l’impulsion de Badinter lui-même.

Aujourd’hui, elle rejoint le parcours permanent « Populaire ? Les trésors des collections du Mucem », au sein de la section « Peuples en mouvements ». Ce nouvel accrochage replace la guillotine parmi d’autres objets témoignant des grandes luttes sociales et politiques qui ont façonné la société française : de la grève de 1936 à la loi sur le mariage pour tous.

Le Petit Plus : L’accès à cette exposition est gratuit le 9 octobre 2025, jour de la panthéonisation de Robert Badinter, et une soirée hommage en partenariat avec l’INA Méditerranée se tiendra le 13 octobre dans l’auditorium du J4.

Par Eric Foucher 

Mucem – Scénographie Guillotine – 30 Septembre 2025 © Nadine Jestin – Hans Lucas – Mucem