Le Musée d’histoire de Marseille accueille l’exposition itinérante « C’est l’histoire d’un pauvre. Les Restos du Cœur 1985-1989 », conçue par l’Agence France-Presse à l’occasion des 40 ans de l’association fondée par Coluche. Après Paris, Lille et Bordeaux, la cité phocéenne se fait le théâtre de ce retour sur les débuts d’un mouvement solidaire qui a profondément marqué la société française.
Aux origines d’un élan solidaire inédit
Le 26 septembre 1985, Coluche lance sur les ondes d’Europe 1 sa « petite idée » : offrir des repas gratuits à celles et ceux qui en ont besoin.
Dans une France secouée par la montée du chômage de masse et la désindustrialisation, l’appel trouve un écho immédiat. Gaston Defferre, alors maire de Marseille et ministre d’État, figure parmi les premiers soutiens. Dès la première campagne, 5 000 bénévoles distribuent 8,5 millions de repas.
Quarante ans plus tard, l’élan n’a cessé de grandir : 75 000 bénévoles réguliers et 163 millions de repas distribués en 2023-2024 témoignent d’une mobilisation sans précédent face à une précarité qui persiste et s’amplifie.
Marseille face à la pauvreté dans les années 1980
Dans les années 1980, Marseille est frappée de plein fouet par la désindustrialisation et la crise portuaire. Les quartiers Nord et le centre-ville voient s’aggraver les effets du chômage, de l’habitat insalubre et des tensions sociales.
Dans certains secteurs, plus d’un habitant sur cinq est sans emploi.
Face à cette urgence, les Restos du Cœur des Bouches-du-Rhône inventent des formes d’entraide locales : locaux prêtés par la mairie, distributions alimentaires spontanées dans les quartiers populaires, ventes aux enchères et collectes improvisées. Dès les premières semaines, 80 000 repas sont distribués. L’expérience d’Aubagne avec Vogue la Galère, structure d’hébergement issue de la récupération d’une bâtisse inoccupée, illustre l’inventivité et la force du collectif.
Une exposition pour penser 40 ans d’histoire sociale
À travers 40 clichés issus du fonds photographique de l’AFP, mais aussi des objets et documents d’époque, l’exposition propose un voyage saisissant dans la France des années 1980. On y croise SDF, bidonvilles, familles en lutte contre la pauvreté et manifestations pour l’emploi.
Ces images dialoguent avec des portraits actuels, soulignant la continuité – et parfois l’aggravation – de la précarité.
Pour Marielle Eudes, co-commissaire de l’exposition, il s’agit d’« interroger le regard que l’on pose aujourd’hui sur la pauvreté ». Un questionnement d’autant plus nécessaire que, dans les Bouches-du-Rhône, les Restos du Cœur accueillent aujourd’hui 53 500 personnes et distribuent 4,7 millions de repas par an grâce à près de 1 900 bénévoles.
Le Petit Plus : Des visites guidées auront lieu les jeudis 11 et 25 septembre à 14.00
Par Eric Foucher / Photo AFP



