Nominoé Guillebot a quitté les caves prestigieuses pour une mission plus personnelle : démocratiser le vin propre et engagé. Avec son approche rafraîchissante et sa cave pleine à craquer, cette passeuse de bonnes quilles bouscule les codes de l'œnologie à Endoume.
Chauvin, vous pensiez disposer d’une bonne culture œnologique ? Passez une tête dans le cave de Nominoé Guillebot et vous remettrez vite en question vos certitudes d’amateur, même passionné.
Après plus de 10 ans dans les réserves de cépages précieux de Lyle’s (Londres), Septime (Rue de Charonne, Paris) et La Mercerie, la talentueuse et opiniâtre trentenaire passionnée de transmission a décidé de se convertir en passeuse de bonnes quilles.
Dans un ancien pressing de la rue d’Endoume, elle a donné corps à Grenadine, clin d’œil aux Antilles où elle a grandi et à la boisson qu’enfant, elle a longtemps sirotée sans soif. Mais ici, c’est l’ivresse du vivant qu’on vient chercher, celle qui donne envie de réfléchir, de débattre, de danser.
Passé le haut-vent sucré, elle donne à voir – et à boire – du vin accessible à tous. Nature, toujours. Biodynamique, parfois.
Largement capée pour les accords mets et vins, Nominoé pousse le bouchon encore plus loin, jusqu’à aller se renseigner sur les herbes associées au risotto ou de l’osso bucco que vous entendez arroser.
Un pied à la campagne et un pied en ville, Nominoé maîtrise l’histoire de chaque flacon, le parcours du vigneron, les aléas de la région, l’étendue des parcelles et même les subtilités du lieu de vinification.
L’objectif de sa reconversion ? Combler les rigoles entre le monde rural viticole et les consommateurs citadins.
Après seulement quelques questions sur vos appétences et les circonstances de votre visite, de son chai compartimenté à 10 et 14°, elle dégaine un coup de cœur qui goutte bien pour l’apéritif, une pépite pour une personne qui le mérite. Si elle privilégie l’hexagone et le direct, vous y trouverez aussi quelques fioles venues de Crête, d’Espagne ou d’Italie comme des syrahs de Cortona.
Tous ces jus se dégustent aussi sur place. Alors, on voit passer des voisins néophytes ou avisés, des chefs de la cité confiants, des étrangers bien informés venus étancher une soif passagère.
Ce soir-là dans nos verres, un melon de Bourgogne et un chenin de Loire. Cave à manger en fin de journée, Grenadine propose – pour la faim cette fois – quelques assiettes à taper solo ou en duo comme des œufs mayonnaise – qu’elle monte dans un seau à champagne sur les conseils de Loick (Ippon) -, des anchois, citron, noisette, du fromage. Les habitués savent qu’ils peuvent même venir avec la pizz’ du Bar de l’avenir.
Le Petit Plus : L’îlot central devrait prochainement accueillir des ateliers de dégustation pour démystifier cet univers et aider les participants à exprimer leurs sensations gustatives.
Par Astrid Briant (texte et photos)