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Nicolas Rouger s’est lancé le défi de participer à la plus mythique des courses : le Vendée Globe Challenge. Peintes par l’artiste Di Rosa, ses voiles dont chaque partenaire se verra remettre une pièce vont lui permettre de financer sa participation de la façon la plus originale.

Nicolas Rouger n’est pas un compétiteur du sérail dans la course au large. Il a cependant la carrure d’athlète et la gueule burinée par le soleil et les embruns du baroudeur des mers. Normal, il a écumé les mers de nombreuses années pour convoyer des bateaux de toute sortes. Mais se retrouver seul à la barre d’un IMOCA 60 même d’une ancienne génération (le bateau a déjà trois participations au Vendée Globe à son actif) est un rêve qu’il n’osait caresser tant le financement pour ce type de course est élevé et compliqué. Alors notre homme, aussi passionné de voile que de culture, a eu l’idée lumineuse de faire financer son bateau et sa transformation par l’art. Il s’est tourné vers un artiste de renom de Sète, là où il a tiré ses premières bords étant enfant. Hervé Di Rosa a tout de suite répondu présent à la folie du projet et dessiné le modèle de son œuvre reproduit en taille réelle sur les grands voiles du bateau dans un atelier le long du canal. Si notre compétiteur à la plus petit budget de la compétition, il peut néanmoins se targuer d’avoir les voiles les plus chères de la flotte avec 3 millions d’euros !  Il a nommé son bateau “DEMAIN C’EST LOIN”, en référence à une chanson du groupe IAM, là encore une façon d’ouvrir la milieu de la voile à d’autres codes et horizons. Il participera dans quelques semaines à sa première vraie compétition avec son beau voilier, la Route du rhum, au départ de saint Malo s’il peut installer sa nouvelle quille dans les temps.  Nous avons pu l’intercepter sur un quai du Vieux-Port durant cette course contre la montre.

Raconte-nous tes premiers bords sur l’Étang de Thau ?

J’ai tiré mes premiers bords sur l’étang de Thau vers 7 ans, je venais tous les étés passer un mois en juillet. J’ai commencé à la base nautique du Barrou en optimiste puis en catamaran avec mon ami d’enfance Matthieu Boye. Notre but était d’aller le plus loin possible et plus spécialement vers le petit phare du Roquerols qui est un petit rocher où allait Brassens avec ses copains. Ça n’était qu’à quelques centaines de mètres de la côte mais à 7 ans nous avions l’impression d’avoir traversé l’Atlantique et d’être des aventuriers !

Quand as-tu choppé le virus de la compétition ?

Je ne pense pas avoir jamais eu le virus de la compétition mais toujours voulu participer et me confronter aux autres, aussi bien en équitation, qu’en montagne, en boxe ou à la voile.

Pourquoi avoir arrêté ensuite ?
J’ai arrêté car la voile n’est pas le football financièrement. A 30 ans, on a sûrement envie d’autres choses et peut-être de poser ses valises et de stabilité. Et aussi parce que je pense que c’est toujours enrichissant de ne pas s’enfermer dans un domaine ou une activité pour aller voir d’autres horizons.

Comment as-tu eu l’idée un peu folle de participer au Vendée Globe ?

J’ai toujours rêvé d’aventures. Le Vendée globe est pour moi l’une des dernières grandes aventures humaine et sportive.

Dès que j’ai su lire, je dévorais les histoires d’aventures de toutes sortes. Je me suis toujours promis qu’un jour je ferai la mienne. Dès que j’ai eu cette idée de financement, je me suis interdit de ne pas aller au bout et promis de le faire.

Pour la première fois dans l’histoire de la course au large, c’est l’art qui va financer l’une des dernières grandes aventures humaines…

Je veux qu’au-delà- du financement,  cela permette de jeter un regard nouveau sur le voile qui reste un milieu assez fermé et élitiste, que la peinture et la musique s’invite sur le bateau et fasse rêver tous les minots.

Raconte-nous ta rencontre avec Di Rosa ?

J’ai rencontré Hervé par l’intermédiaire de mon ami Rodolphe Mezzan un soir de vernissage au MIAM à Sète dont il est un des fondateurs.

Hervé Di Rosa m’a dit : “C’est toi le fou qui veut faire le Vendée globe avec ma peinture?  Et bien ok pour moi, je ne te lâcherai pas et je vais te faire tes voiles”. Il a accepté en 2 minutes. Tant de mercis à toi Hervé !

Mêler la culture au monde de la voile est quelque chose d’assez nouveau. Une façon de dire que naviguer est aussi un art ?

Je voulais trouver quelque chose de différent et d’innovant comme mode de financement. Je voulais laisser une trace à mes partenaires de l’aventure que nous allons vivre ensemble (ndlr: ils récupèreront chacun une partie de  l’œuvre de Di Rosa à son retour du Vendée globe). Je pense qu’il est toujours intéressant de mélanger les choses et bouger les lignes … La rencontre de mondes différents est toujours enrichissant.

A quoi servira l’argent levé ?

A financer le bateau et la course bien sûr, mais j’ai également décidé de reverser mes bénéfices à une association d’aide à l’enfance qui me tient à cœur (L’Espace Renaissance). Elle construit des maisons d’accueil pour les enfants ayant eu un parcours de vie chaotique.

Parle-nous de ton bateau et du ressenti que tu as en navigant avec lui ?

Lorsque je me suis retrouvé devant lui pour la première fois j’ai été très impressionné et intimidé. Sa taille, son histoire, sa puissance. Je me suis dit que je m’étais fixé un défi de taille et j’ai même douté de ma capacité à oser. Tous mes doutes se sont envolés pendant les qualifications pour la Route du Rhum au mois d’août.

C’est un bateau exceptionnel, il me rassure, je le trouve beau et puissant. J’ai hâte de repartir avec lui, je le considère comme une personne à part entière, avec une âme. 

Où en es-tu de ta préparation pour le Vendée Globe (Sponsors, équipe, etc.)

Mon objectif premier est le Vendée globe et c’est mon objectif unique. Je serai au départ. J’ai encore deux ans pour connaître mon bateau par cœur, le préparer et m’y préparer au mieux. J’ai une petite équipe et l’aventure commence à peine, mais je suis extrêmement bien entouré. J’ai confiance en eux. Les partenaires arrivent au fur et à mesure. Nous avons une belle actualité à venir qui étonnera encore plus le milieu de la course au large.

Quels sont tes plus beaux souvenirs de navigation en Méditerranée ?

J’en ai beaucoup et nous retenons toujours les bons souvenirs, c’est pour ça que l’on y retourne. Le dernier en date est peut-être mon départ de Carthagène pour la première fois seul à bord de mon bateau en réalisant enfin que je pars pour me qualifier pour la course mythique qu’est la Route du rhum à bord d’un Imoca de 60 pieds …  Que je réalise un rêve d’enfant !

Tu as eu un temps un bar fameux à Marseille. Quelles sont les adresses où tu aimes aller maintenant en tant que client ? 

Effectivement, des sacrés souvenirs mon Marengo bistroquet ! Mais je sors moins qu’avant. Mon expérience passée dans le milieu de la nuit me fait préférer aujourd’hui les endroits et lieux authentiques. J’aime aller prendre mon café le matin et déjeuner en terrasse sur la Place saint Eugène, le bar de l’avenir, le Vesuvio, le bar des pêcheurs

Propos recueillis par Eric Foucher

NB: Vous souhaitez être partenaire et mécène de ce bateau? Vous pouvez acheter une œuvre de Di Rosa signée et numérotée (toutes les infos ICI)