A l’invitation d’un promoteur, l’association Yes We Camp s’empare à Marseille d’une tour de bureaux vacante de 8500m2 pour la transformer en ateliers et espaces de travail à bas coûts. Ce nouveau modèle d’occupation temporaire sera géré et animé par les artistes eux-mêmes. Nom de code : Buropolis.
Le lieu porte bien son nom. Il ressemble à une utopie collectiviste comme il en a existé dans les pays de l’ancien bloc de l’est. Mais rassurez-vous, vous ne serez pas surveillés par la Stasi. Bien au contraire, il est demandé aux deux cents occupants de participer à la vie de Buropolis et de l’administrer à chaque étage afin d’imaginer les modèles de travail et de vie collective.
Saisir des espaces de espaces vacants pour en faire des espaces atypiques qui interrogent nos questions de société, l’écologie, le vivre ensemble et l’inclusion sociale, tel est l’enjeu de ce nouveau projet.
C’est une fois de plus l’association Yes We Camp qui a été retenue pour son expertise en la matière, elle qui pilote plusieurs projets d’envergure à Marseille (on citera Coco Velten et Foresta pour les plus connus) mais aussi à Paris (les Grands Voisins). Elle a été invitée par le promoteur Icade à imaginer l’occupation temporaire de 18 mois de grand immeuble de bureaux dans le 9e arrondissement, soutenue dans l’initiative par la Mairie d’arrondissement du 9/10 et la Mairie centrale via son service culture.
Malgré une durée d’occupation plus courte qu’à l’accoutumé, elle a pensé – à juste titre vu l’engouement sans précédent qu’à suscité le projet- que cette offre pouvait intéresser la communauté artistique de plus en plus attirée et inspirée par Marseille. La gageure était d’entretenir un bâtiment qui coûte cher en maintenance tout en garantissant des loyers très bas, condition sine qua non pour que des jeunes artistes s’y installent.
Pour cela l’équipe a été réduite au minimum (4 personnes seulement). Buropolis fonctionnera a 80% en autofinancement grâce aux loyers, le reste étant complété par les subventions des institutions.
Si ce quartier de Marseille à deux pas de la station de métro Dromel présente un urbanisme assez ingrat, le bâtiment en lui-même n’est pas laid. Tout comme pour son jumeau construit à Villeurbanne en 1972 par le même trio d’architectes, son ossature métallique singulière lui vaudra peut-être même un jour la distinction de monument d’architecture remarquable.
Avec ses parois entièrement vitrées, il offre un panorama inégalable sur les quartiers sud depuis les étages supérieurs, avec en ligne de mire tous les totems marseillais : la Cité radieuse, le Stade vélodrome, Notre Dame de la Garde et, côté nature, le massif des calanques et bien sûr la rade de Marseille.
L’intérêt de Buropolis est d’avoir su proposer des espaces de tous formats (depuis les petits bureaux de 12 m2 aux grands plateaux de 300 m2). Et c’est sans doute de cette mixité entre le designer individuel et des collectifs – comme l’antenne marseillaise de l’école Kourtrajme qui forment gratuitement et sans conditions d’accès des jeunes aux métiers de l’audiovisuel – qui est créera de nouvelles synergies.
En rez-de-chaussée une cafétéria, librairie et bibliothèque devraient d’ailleurs favoriser ces moments de rencontres entre les différents preneurs mais aussi avec les habitants et écoles du quartier (l’École supérieure des Beaux-Arts de Luminy n’est pas très loin) puisque des expositions devraient s’y dérouler.
Le Petit Plus : En sus de la location d’un espace privatif, une adhésion des artistes leur permet via un badge d’avoir accès au bâtiment 7/7 et 24/24 et d’accéder à des plateaux communs pour donner des cours, exposer, programmer des événements, ou bien encore d’avoir une parcelle dans le potager partagé pour ceux qui ont la main verte.