Pour s’affaler ou se déhancher, pour grignoter ou s’enivrer, ou pour tout cela à la fois, le Barjaquer a ouvert ses portes. A deux pas du Vieux-Port, les absents ont toujours tort.
Le nom de l’établissement déjà nous plaît. Barjaquer est une vieille expression aussi provençale que le duo aux manettes et signifiant « parler trop » ou « pour ne rien dire », ce que l’on traduit plus volontiers aujourd’hui par « être une bouche ». Vous l’aurez compris on ne se prend pas au sérieux ici même si pour Marion et William, l’enjeu est de taille pour leur première affaire. Encore jeunes, ces ceux-là ont pourtant déjà de la bouteille pour ce qui est d’accueillir et faire ripaille après avoir essuyé leurs tabliers dans nombres d’établissements marseillais (pub, cave, hôtel et tutti quanti).
Ils sont maintenant chez eux dans ce bâtiment qui n’est autre que l’arrière des anciens Arsenaux de la Place aux Huiles. Passé la jolie porte d’entrée ornée de stuc et d’une petite rosace en fer forgée, les habitués de cette adresse (ndlr : l’ancien salon de coiffure disquaire Cut and Mix) découvriront que le lieu a été astucieusement « pimpé » en adaptant l’existant, réaménageant l’espace et en le décorant d’un mélange de récup et de création sur mesures. Les plus notables étant les assises recouvertes d’un canevas imprimé ainsi que les grappes d’abat-jours marque de fabrique de Mitri Hourani depuis plusieurs années.
Si le rez-de chaussée joue volontiers l’esprit néobaroque assumant un certain kitsch, l’étage avec ses grand canapés Chesterfield et ses petites consoles ressemblent davantage à un speak easy où l’on pourrait s’abandonner à la confidence, un cocktail sur les lèvres. En parlant de cocktails, on versera plutôt dans les créations maisons plutôt que les standards, d’autant que le Jacquet et le Marius en plus d’être délicieux ont fière allure.
Le soir, le lieu connaît deux temps. Celui de l’afterwork où l’on débrieffe sur les derniers ragots en compagnie d’ami(es), d’une bonne quille et de quelques planches fort bien achalandées. Et pour reprendre une autre expression marseillaise le lieu « s’enjaille » passé 23 heure. C’est seconde vague des convives sortant des tables aux alentours du Vieux-Port venue accoster à ce nouveau comptoir qui a la bonne idée de ne pas trop s’enflammer sur les tarifs des verres de vins, pressions et cocktails.
Le Petit Plus : Privatisation possible de l’étage pour une occasion particulière.
Par Eric Foucher