« C’est dans les veilles marmites qu’on fait les meilleures recettes » dit l’adage. Après deux ans sur les feux, celles de cette cantine vivante et populaire n’ont pas eu le temps de noircir mais n’en délivrent pas moins d’excellents plats mijotés.
La Marmite Joyeuses régale une centaine de résidents et travailleurs entre le Boulevard Longchamp et la Belle de Mai chaque midi. Une adresse aux croisements de deux quartiers, comme un symbole pour se faire rencontrer deux mondes qui parfois s’ignorent.
Une « cuisine de tanties » avec un plat unique pour les travailleurs comme on en trouve en Afrique et « qui était bien souvent meilleure que celle des restos » se souvient Emmanuelle Linarès. Elle y a vécu plusieurs années avec son mari avant de revenir à Marseille où ce dernier débute alors son activité de traiteur et de chocolatier.
Ayant vécu dans les quartiers nord puis à Belsunce, l’idée ce tiers-lieu motivé par la cuisine était surtout de récréer un lien entre les populations de toutes origines sociales (du cadre au SDF qui pourra utiliser ses bons carillons pour déjeuner) en offrant un repas très abordable sans rien négliger sur la qualité.
Parmi les plats de viande unique chaque jour, on pourra trouver par exemple de la dinde à l’estragon et ses farfalles, du porc aux agrumes et une polenta crémeuse ou un canard et son gratin dauphinois pour lequel les habitués se damnent (et nous aussi !). On trouve systématiquement des alternatives végétariennes qui n’ont elles aussi pas oublié la notion de goût : lasagnes courgette/aubergines ou un délicieux couscous veggie, la recette de la grand-mère de Xavier. Viennent compléter le menu des petites entrées salées, des soupes, des salades et des desserts, des sandwiches originaux.
On peut manger sur place en solo sur les mange-debouts en vitrine, en groupe sur les quelques tables à l’intérieur ou sur la petite terrasse du boulevard National. On peut aussi choisir à emporter, muni de son propre contenant si on est sensible à la démarche de réduction de déchets.
Pour que l’initiative soit viable économiquement à un tel niveau de tarifs, le couple gérant a misé sur un grand nombre de couverts mais aussi votre participation. Comme à la cantine, vous dressez votre couvert et débarrassez votre table. Un moyen détourné aussi de créer cette ambiance décontractée et conviviale qui colle si bien au nom. En vous promenant dans le restaurant vous craquerez peut-être pour les premiers produits de l’Epicerie Joyeuse : des confitures maison, des confits et bien sûr des chocolats et pralinés en barre, boite ou ballotin. Attention à l’addiction !
Fort de son succès, le restaurant va entrer une phase de gros travaux en début d’année prochaine afin d’agrandir et rénover sa salle à manger et se pourvoir d’une vraie cuisine, grande et fonctionnelle afin d’accueillir d’autres projets culinaires réalisés sur place (pour l’heure les plats mijotés sont encore apportés du laboratoire du 15è).
Car le second volet de la Marmite Joyeuse traite d’entreprenariat et de solidarité. Il souhaite offrir aux personnes désireuses de tester un projet de cuisine qui respecte leur charte (produits frais, cuisinés maison, réduction de déchet) des outils pratiques et fonctionnels à moindre coût, avant de voler de leurs propres ailes. Venant palier un manque dans un secteur de la restauration où les investissements sont souvent conséquents, le projet de mutualisation de l’espace de production, de vente et de restauration a été l’un des lauréats à Marseille de la Fabrique Aviva l’an passé.
Le Petit Plus : Tous les mardis soir, une soirée petits mets et jeux de société proposée par Camille (réservation par tél au 06 37 55 24 14 ou sur le Facebook de la Marmite Joyeuse) et animée par des bénévoles.
Par Eric Foucher