Son nom de scène pourrait suffire à lui seul à révéler la dualité du personnage: l’élégante nonchalance de l’ancien champion de football uruguayen mais aussi l’espièglerie du minot marseillais.

Son nom de scène pourrait suffire à lui seul à révéler la dualité du personnage. En effet, il y a bien l’élégante nonchalance de l’ancien champion de football uruguayen mais aussi l’espièglerie du minot marseillais dans la personne de Mathieu Hocine. En bande son, un verbe chantant qui s’éclipse dans ses compositions où il les voix chuchotées en anglais ou en italien sont tout en retenue. Depuis dix ans, ses perles électro-folk sont devenues la bande-son des réveils en douceur ou des siestes coquines à l’ombre des volets clos. Un faux peine à jouir mais un vrai besogneux que vous retrouvez dans 3 autres groupes amis (Oh ! Tiger Mountain, Johnny Hawaii et Nasser) où il passe allègrement de la guitare folk au clavier, de la batterie au chant. Quant à ses projets perso, le Kid découvre avec excitation l’exercice de la reprise pour les besoins d’une compilation. Sur un toit du Panier, il a accepté de se dévoiler.

Mine de rien, cela fait maintenant plus de 10 ans que Kid Francescoli existe. Chi va piano va sano ?

… et chi va sano va lontano !

On dit souvent que la composition des plus belles chansons provient d’un mal-être, d’une souffrance, d’un cadre hostile. Toi, tu es tout sourire sous le farniente marseillais…

Je ne crois pas que tu puisses composer quoi que ce soit quand tu es au fond du trou. Par contre tu peux garder cette souffrance à l’esprit pour écrire une chanson quand les beaux jours reviennent, ce qui donne ce mélange sourire aux lèvres/accords mineurs.

Vivre à Marseille n’est-il pas un handicap pour percer au niveau national et international ? Que penses-tu de la scène musicale à Marseille (les groupes, les salles, le public)

Non, je ne pense pas. Il faut sans doute plus d’énergie, donc c’est surtout une source de motivation. Concernant la scène, j’ai toujours la même impression: on progresse, mais il manque toujours quelque chose pour nous faire vraiment exploser.

Batterie, clavier,  guitare et chant, tu es un homme orchestre à toi tout seul (un peu le Rémy Bricka marseillais !)

C’est un peu ça… je joue de tous ces instruments, mais sans avoir vraiment approfondi la pratique d’un d’entre eux (je ne sais pas faire de solo guitare par exemple). Le plus important, c’est les chansons: mon niveau est juste assez bon pour composer et enregistrer, donc ça me suffit.

Comment composes-tu et arranges-tu tous ces instruments ?

La composition est un processus très long pour moi. J’enregistre et stocke toutes les idées qui me passent par la tête, puis reviens dessus pour en faire des chansons plus tard, quelques fois des années après pendant l’enregistrement. J’essaie de garder le coté ludique, et la pièce devient un terrain de jeu: je “joue” au John Carpenter, Lee Hazlewood et Dr Dre.

Tu joues dans 4 groupes (Kid Francescoli, Nasser, Oh !Tiger Moutain et Johnny Hawaii). Nécessité ou envie ? Comment arrives-tu à changer aussi facilement d’identité ?

Je suis ami avec tous ces groupes: on se parle, on écoute de la musique ensemble, on rigole ensemble. C’est donc normal de collaborer. J’accompagne surtout Oh! tiger mountain et Johnny Hawaii sur scène, toujours dans le même rôle de multi-instrumentiste flou. Nous avons également crée notre propre label, Microphone recordings, ensemble. Je ne pense pas qu’il faille changer d’identité, au contraire: j’ai collaboré avec Nasser sur “Lust & love”, un des titres de leur album, en amenant ce que je sais faire, de la mélodie et des thèmes.

C’est pour ne pas montrer ton accent marseillais que tu chantes en anglais et italien dans tes chansons ?

Non, simplement parce que la grande majorité de la musique que j’écoute et qui donc m’influence est chantée en anglais. Lorsque je prends la parole sur scène par contre, impossible de le cacher. D’ailleurs mieux vaut ne pas essayer de cacher quoi que ce soit sur scène, les gens le ressentent trop facilement !

La plus belle chanson d’amour selon toi ?

“True love will find you in the end” de Daniel Johnston, repris par Spectrum

et “These days” de Nico dans le cas d’un amour brisé…

Tu travailles sur un projet de reprise. Que t’apporte l’exercice ?

Ca permet surtout d’expérimenter au niveau du son, puisque tu ne te poses pas la question de la composition en travaillant surtout lorsqu’il s’agit de “Because” de Beatles, dont je viens de finir une version synthétiseurs/boîtes à rythme.

Quel est l’artiste (réalisateur, chorégraphe, chanteuse, etc.) pour lequel tu aimerais écrire une chanson ?

Ecrire un thème pour un film de James Gray et enregistrer un morceau avec Rza du Wu Tang Clan.

Ecoute, s’ils appellent on transmettra !

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