Dans la famille Chinese Man records, je demande Deluxe: cinq énergumènes à moustache et une donzelle à jupette qui donnent la fièvre à tous les publics de l’hexagone.

Dans la famille Chinese Man records, je demande Deluxe: cinq énergumènes à moustache et une donzelle à jupette qui donnent la fièvre à tous les publics de l’hexagone. Il faut dire qu’en ces temps de sinistrose, ce combo bondissant originaire d’Aix a trouvé une recette toute personnelle à base de groove et de lyrics survitaminées pour doper votre moral. Le slogan de leur tournée est d’ailleurs explicite : « Grooving your mother fucking life !” Soul, jazz, funk, hip hop, qu’importe les racines pourvu que vous éprouviez l’ivresse des sons qui transpirent de leurs multiples instruments (saxo, trompette, contrebasse, percussion, guitare, clavier, etc). La rue les a formés, la scène les a révélés. Les voyages, on l’espère, nourriront un nouvel opus attendu impatiemment des plus belles matières sonores.

Deluxe c’est au départ un trio, auquel s’ajoutent deux autres musiciens puis enfin une chanteuse. Comment se passe l’intégration ?

L’intégration au groupe comporte plusieurs aspects, professionnels et de confiance. L’important c’est d’avoir l’esprit Deluxe, on a juste raccroché de nouveaux wagons au train en marche. Sacha et Pepe avec leurs sections cuivre nous ont donné ce côté jazz et funk tandis Lily nous a apporté la voix qui manquait à nos compositions.

Pensez-vous avoir la formation idéale pour votre musique maintenant ?

A la base on a toujours été plus ou moins un collectif de producteurs musicaux. On était très instrumental. Quand on a rencontré Lily Boy sur le projet d’album, ça s’est tellement bien passé qu’on a commencé une tournée ensemble et qu’elle est ensuite restée.  Mais on ne veut pas être un groupe fermé et garder cet aspect producteur en créant des morceaux qui nous amènent à travailler avec d’autres musiciens d’horizons différents.

Que vous a apporté l’expérience des concerts de rue à Aix en Provence dans votre approche de la scène ?

C’est une très bonne école. On a fait énormément ça au début car ça nous permettait de tester nos morceaux devant le public.  Les gens ne s’arrêtent pas si ta musique ne leur plaît pas. C’est beaucoup plus direct. Au départ on a débarqué avec du matos de ouf et puis on s’est aperçu qu’en éliminant un maximum d’instruments pour revenir aux racines et à plus de simplicité, on était plus dans le vrai. Cette approche nous a ensuite donné beaucoup plus d’assurance sur scène.

 La rencontre avec Chinese Man records a-t-elle  été déterminante dans votre succès ?

C’est Ze Matéo, un des Dj de Chineseman qui nous a repéré lors de l’un de nos concerts de rue. On a très vite sympathisé car on avait beaucoup d’affinités musicales. Ça a été un vrai déclencheur et surtout une belle motivation de voir qu’un groupe dans la même veine musicale que nous puisse réussir. Ils nous ont orienté vers quelque chose de plus hip-hop et électro tout en gardant nos racines acoustiques.

Est-ce si simple que ça en à l’air l’art du sample ?

Tout le monde peut utiliser des samples très facilement avec les nouvelles technologies. Avec un ordinateur et un peu de culture musicale tu peux faire un album rien qu’avant des samples,  mais ça nous donne envie d’aller plus loin. La chance qu’on a avec Deluxe c’est de pouvoir nous réapproprier ces samples en le rejouant nous-mêmes, et en les adaptant à notre sauce en changeant quelques notes et  rythmiques. Les mélomanes avertis reconnaîtront cependant toujours les sources.

On a le sentiment que la vedette c’est le groupe dans votre formation ? C’est pour éviter les problèmes d’égo ?

Comme on te l’a dit au départ on ne veut pas être un groupe à l’ancienne mais plutôt un collectif  de producteurs. On souhaite pouvoir perdurer en étant très éclectiques. Et en étant ouvert aux autres (ndlr beaucoup de featuring sur leur album  avec entre autre Beat Assaillant, Cyph4, Taïwan Mc, Plex Rock, etc.)  Deluxe à cette forme aujourd’hui mais peut-être que cela sera complètement différent dans quelques années. On ne veut pas s’enfermer.

Pas trop compliqué d’être la seule fille au milieu de 6 gadjis ?

(Lily Boy) Non, je pense que cela serait plus le bordel s’il y avait encore une fille. Là c’est très bien je suis un peu la princesse !

Dans la moustache qui est le symbole du groupe, on peut voir un attribut viril mais aussi (en cherchant bien) le cul rebondi d’une venus Callipyge. Pourquoi avoir choisi cette identité ?

La « Cul-stache » n’était pas du tout un plan com au départ. A vrai dire, ça s‘est un peu imposé à nous. Un jour,  on a décidé de tous se laisser pousser la moustache. Il s‘est passé un truc un peu fou à cette période dans la vie du groupe et ça nous a porté bonheur donc on a décidé de la garder comme symbole. Ca colle bien avec notre esprit qui est de ne pas se prendre trop au sérieux.

Où trouve-t-on l’énergie de monter sur scène quand on est fatigué ou déprimé ?

On essaye de mettre les soucis de côté et de faire la part des choses car ça reste avant tout un  travail. Plein de fois cela nous est arrivé de monter sur scène en étant crevés, stressés mais une fois que le concert est lancé, il y a tout qui retombe. C’est un peu comme une thérapie.

Le Tour bus, c’est déjà la grande classe !

Quand le label a vu que ça décollait bien pour nous, ils ont décidé d’investir plus rapidement que prévu (ndlr : Avant ils se déplaçaient à 3 voitures). Au départ on a un peu halluciné sur le Tour bus Mercedes. On se disait que c’était trop fou mais  tu te rends vite compte quand tu fais dix ou douze heures de route pour te rendre sur un concert plusieurs fois par semaine que c’est pas du luxe au final !

Vous êtes toujours bondissants sur scène. Ne vous est-il jamais arrivé de chutes ou de problèmes techniques ?

(rires général) Oui bien sûr ! Cela n’est pas arrivé souvent fort heureusement mais on a eu droit  quelques chutes de scène, cassage de dents, etc. Dernière anecdote au Zénith de Montpellier où l’on jouait devant 2000 personnes: en plein milieu du show, le clavier et l’ordi s’écrasent au sol mais grâce à l’expérience de l’improvisation qu’on avait acquise dans la rue on a pu continuer à assurer le show.

Meilleurs souvenirs jusqu’à maintenant sur cette tournée qui dure jusqu’à Octobre 2012 ?

Sans conteste le concert à la Maroquinerie à Paris où on a eu la chance de voir de très nombreux featuring de notre prochain album monter sur scène « Beat Assailant, ASM, Taiwan Mc, etc.) On y croyait pas nous-mêmes !

 Un album en début d’année prochaine avec des morceaux qui sont déjà testés lors de la tournée actuelle. Quelle couleur musicale aura-t-il ?

On l’espère remplit de surprises, de featuring et de pêche, on aimerait faire un album festif, qui s’écoute en soirée.

 Chineseman, Andromaker et vous, il y a un vraie effervescence musicale en ce moment à Aix. Ca doit surprendre pas mal de gens plus habitué à l’image ronflante et bourgeoise de la ville, non ? N’avez-vous pas le sentiment de véhiculer à votre façon une image plus tolérante et ouverte de la ville que celle défendue par les autorités locales?

C’est vrai que nous contrastons pas mal avec l’image un peu chic d’Aix en provence. En ce qui concerne les autorités locales, on ne s’intéresse pas assez de près a ce genre de choses pour avoir un quelconque avis. Nous nous tenons loin de la politique. D’ailleurs nos morceaux ne contiennent aucun message engagé si ce n’est celui de faire la fête de s’éclater, de rêver.